Alors que je l’attendais tranquille sur mon canapé dans le salon de mon appartement avec la ferme intention de parler d’ venir avec lui, il s’est jeté sur moi et m’a sauté dessus sans rien me dire et sans rien demander, parce qu’il voulait « juste baiser », parce qu’il avait « envie », sans me demander mon avis et sans entendre que je lui disais : « Non! Pas ici! Pas comme ça ! Pas maintenant ! » J’ai eu beau me débattre, il était bien plus fort que moi et m’a écrasée sous son poids pendant qu’il détachait ma ceinture, déboutonnait mon jean qu’il a baissé sans ménagement pour me pénétrer par derrière brutalement. Il se masturbait souvent seul en regardant des films pornographiques et lisait beaucoup d’histoires avec du sexe dont il disait que c’était seulement beau parce qu’érotique. Moi je trouvais ça dégradant pour les femmes qui n’avaient pas le choix ou qui croyaient avoir le choix. Les scénarios étaient vides, creux, sans saveur, prônaient toujours d’avilir la victime pour le plaisir du mâle en rut et atteignaient les bas-fonds de la bête humaine.
Je ne l’avais jamais surpris avant ce soir-là en train de se masturber devant un film porno. J’avais juste été étonnée qu’il laisse la photo de son ex au dessus de son lit alors que nous étions ensemble. J’avais aussi trouvé des femmes aux formes généreuses posant dans des magazines qu’il cachait dans ses étagères. Je croyais l’aimer et n’aimais pas ses manières de faire avec moi. Son obsession pour les bouts de tissu alors que le peau à peau m’allait bien. J’appréciais les moments partagés autour de la lecture. Alors, pourquoi pas érotique. Je ne soupçonnais pas qu’il y eut un tel fossé entre nos conceptions du rapport de nos corps. Je le croyais naturel et sincère. Et je me suis sentie amochée et salie, polluée et meurtrie. Peu de temps après « ça » que j’ose nommer « viol », j’ai perdu pied, j’ai été surprise, dissociée, je ne sentais plus rien physiquement, puis amnésique. J’étais souvent prise de panique, angoissée et terrorisée. J’étais une bête traquée qui s’enfuyait ou restait pétrifiée. Alors, je m’effondrais en hurlant : « maman! ma maman! Je veux voir ma maman! » Je n’étais plus que déchirure. J’étais de plus épuisée à mon boulot. Je ne comprenais pas pourquoi. Je n’arrivais plus à dormir. Au lieu de fuir mon violeur, je me suis jetée à ses pieds, l’ai supplié de le rejoindre. Je ne pouvais plus travailler et je mettais cela sur le compte de la fatigue. J’avais tout oublié. C’était le black-out. Il m’a fallut de nombreuses années, des thérapies diverses et variées. J’étais devenue asociale alors que on travail c’était la sociabilité. Puis peu à peu, la brume s’est déchirée. Ça a commencé pendant le premier confinement Covid. Il m’avait bousculée très violemment pour une broutille. Je supportais de moins en moins ses hurlements et ses contradictions voire son insistance à m’assister en toute circonstance. Je me suis éloignée physiquement de lui et la mémoire m’est revenue tout petit à petit. Voilà. J’en souffre encore et me tiens éloignée des hommes et des humains à qui je ne fais plus confiance. Je cherche à retrouver mon paradis perdu : mon innocence d’enfant. Je me tiens aussi sur mes gardes quand je suis avec des enfants. Je ne veux faire de mal à personne même pas à lui. Je voudrais juste retrouver ma liberté et ne plus jamais me sentir en prison dans mon corps ou dans ma tête. Vivre. Vibrer. Sentir. Ressentir. Œuvrer pour un monde meilleur ! Merci. Il fallait que ce soit écrit.
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