Bonjour,
Si je viens vous confier anonymement mon histoire c’est parce que je n’arrive pas à mettre de mot sur ce que c’est (agression sexuelle, atteinte sexuelle, rien du tout?). Je dis ça parce que j’ai fais la démarche d’aller voir une psy qui m’a fait comprendre que c’était innommable, voire qu’il ne s’était pas passé grand chose. Sauf que ce “pas grand chose” me ruine ma vie un peu plus chaque jour.
Alors voilà, j’avais 12 ans, revenant de mon cours de danse à pied. Une voiture s’arrête à ma hauteur et je reconnais mon voisin (50 ans je dirais) qui me propose de me ramener. Le connaissant bien j’accepte. Nous arrivons dans notre lotissement et il me dit qu’il a quelque chose à me montrer chez lui (quelle idiote me direz-vous). Bref, je rentre chez lui, je reste sur le pas de la porte et j’attends. Et là il revient en peignoir, je me fige car je me dit que ce n’est pas normal mais mon corps ne me répond déjà plus. Il s’approche de moi, me contourne et là je sens son pénis en érection sur mon jean au niveau des fesses. Il fait des vas-et-viens tout en disant “dis donc tu as bien grandit” et feignant de mesurer ma taille. J’étais tétanisée. Mais heureusement pour moi mon cerveau s’est comme reconnecté et je me suis tirée vite fait. Je n’en ai jamais parlé à mes proches. Mais cela me bouffe la vie. J’ai 29 ans aujourd’hui et mes relations avec les hommes sont catastrophiques…
Bref merci de m’avoir lu
Chère anonyme, je poste cette réponse bien trop tardivement mais votre psy est complètement incompétente! Ce que vous avez vécu est loin d’être “pas grand chose” ou encore d’être “innommable”. Au contraire, c’est parfaitement clair, nommable et c’est très grave: c’est une agression sexuelle sur mineure ! Vous avez été victime de sidération psychique, c’est la raison pour laquelle vous êtes rester immobile, comme hors de soi, déconnectée, pendant un certain temps. La sidération peut entraîner de grandes conséquences sur la santé mentale et physique qu’on nomme “psychotraumatisme”. Je vous conseille de jeter un oeil au site “Mémoire traumatique et Victimologie de Muriel Salmona” qui vous expliquera mieux cela que moi, rubrique “Publications et Outils –> “brochure d’nformation”. Vous y trouverez des brochures qui expliquent en détail ce que c’est, vous vous reconnaitrez peut-être? En tout cas, vos relations catastrophiques avec les hommes proviennent sans aucun doute de ce traumatisme.
Ce que vous ressentez est une réaction normale d’une agression, mais on peut soulager cette douleur. Notamment grâce à une thérapie, un suivi psychologique mais par un psy formé qui ne minimise aucunement ce que vous avez vécu ! Je vous conseille de demander de l’aide pour une prise en charge psychologique auprès d’association contre la pédocriminalité, contre les violences sexuelles. Je vous en donne quelques une: SOS incestes, l’Enfant bleu, Parler et Revivre… (Sur le site de SOS inceste, vous pouvez trouver une liste d’asso en région). Elles peuvent aussi tout simplement vous écouter et vous conseiller au mieux. N’hésitez pas à jeter un œil aux listes d’aides aux victimes sur le forum de ce site, section Obtenir de l’aide qui recensent les coordonnées d’asso et structures.
Sachez que vous avez jusqu’à vos 38 ans pour porter plainte contre lui. Sur le site du service public, vous pouvez signaler ses faits sur la plateforme de signalement en ligne des violences sexuelles. C’est anonyme. (vous pouvez toujours porter plainte même après prescription ou si l’agresseur est décédé, cela peut vous aider dans votre reconstruction). Il existe aussi un site qui permet de retrouver d’autres victimes: Coabuse.
En tout cas, vous n’êtes et ne serez jamais responsable de ce que vous avez vécu.
Ne laissez personne vous convaincre que vous n’avez rien vécu de grave. C’est faux, la preuve est que vous en souffrez.
Vous n’êtes pas seule
Courage!
De tout coeur avec vous