Eh oui, même quand on a regardé blanchir ses cheveux, il y a encore des porcs pour vous agresser ! L’année de mes 50 ans, une balade dans les bois près de chez moi, la balade habituelle des familles…
J’aperçois un homme au bord du chemin où je vais passer, il me regarde bizarrement. J’ai prévu de m’arrêter au bord du ruisseau, je prépare un jeu de piste pour ma fête d’anniversaire! Il ne va quand même pas m’empêcher de faire ce que j’avais prévu, je m’arrête pour prendre des notes et m’assieds sur une pierre.
Il s’approche, s’assied à quelques mètres de moi, et sort son engin qu’il secoue en me regardant. Je gueule je ne sais plus quoi, me lève, et reprends le chemin. Il me suit, j’entends derrière moi le cliquetis de son ceinturon laissé détaché, tout près derrière moi.
Évidemment que j’ai peur, mais pas question de courir, je n’aurai jamais le dessus.
Je ne me retourne pas, j’avance. Quand je ralentis il ralentit. Je finis par lui parler, je dis « je prépare une fête pour mes amis, un jeu de piste,… et vous, vous avez des amis ? non, je suppose que vous n’en avez pas..? ». Je n’entends plus rien. Je reprends la marche.
Quand j’ose regarder en arrière il a disparu.
Je suis contente de l’avoir bien « géré », mais merde ! je partais pour une balade festive, pas pour soigner un malade sexuel !
Bien sûr je n’en parle pas, la fête ne doit pas y être associée. Mais me remontent des images, des sensations surtout, enfouies depuis longtemps:
13 ans, dans un train avec mes parents, en face de moi mais à plusieurs rangées de là, un homme secoue un truc que je n’ose identifier, mes parents ne peuvent le voir, j’enfouis cette image très vite très profond mais elle est toujours là.
Même époque dans le metro parisien, hiver, manteau de laine, voiture bondée, un homme me pelote tranquillement les fesses, jusqu’à ce que je sois arrivée à ma station.
Et je n’ai rien dit, rien fait, ce n’est qu’après que j’ai imaginé tout ce que j’aurais pu faire..Je n’ai pas pu remettre ce manteau, il était comme souillé.
18 ans, un homme que je vois dans le train tous les jours, on cause, on sympathise, il m’invite à passer chez lui en me promettant qu’il sera correct.
Heureusement, il a été fidèle à sa promesse. Quand il a mis ma main sur son sexe et que j’ai gueulé « t’avais promis ! », il me laisse partir..
Et maintenant que j’approche la soixantaine, et maintes fois grand-mère, cet homme rencontré il y a 15 ans dans le cadre de mon boulot, avec lequel je n’ai eu qu’une relation professionnelle, qui continue à me harceler régulièrement sur mon téléphone, avec des propos sur mon physique, à dire qu’il m’aime et qu’il a envie de moi, capable d’appeler jusqu’à 30 fois d’affilée.
On me dit d’enregistrer ses propos, de porter plainte, de changer de numéro, mais pourquoi je devrais m’embêter à faire tout ça,j’ai rien fait,moi !! Et si je le croise dans la rue et lui casse la gu… je suis sure que c’est moi qui serais internée..
Triste, triste,comment les hommes de notre société sont formatés,pas tous bien sûr, mais tellement trop !
A près de 60 ans , toujours là, toutes ces blessures, ces peurs, cette rage… Merci de m’avoir permis d’écrire.
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