Il s’appelle Moïse. Nous avions vécu depuis 4 ans ensemble. Nous avions eu un bébé mort né. J’étais très fragile émotionnellement. Ce jour là, c’était dans une maison où nous nous étions installés depuis peu. Je veux le quitter, lui ne veut pas. Je lui annonce, il ne veut pas l’entendre. Je veux partir, il me retient. Il est grand et fort. Il me plaque contre le canapé. Je lui résiste mais j’ai peur de ce qui pourrait arriver (il avait beaucoup d’attitudes de violence comme casser des objets alors que l’on était avec des amis. Je lui dit « non, non non… », il le fait. Il dit « mais tu es ma femme ». Je n’ai pas été capable d’identifier ce jour-là, qu’il m’avait violée. Je ne connaissais pas le terme de « viol conjugal » me semble-t-il. Plus tard, j’ai porté plainte car dans un autre moment de séparation, il a porté sa main à ma gorge et m’a mise à terre. Dans cette gendarmerie, les gendarmes ont été sensibilisé à l’écoute des plaintes des femmes comme moi car une association « SOS femmes » a travaillé avec plusieurs partenaires (médecins, gendarmerie) pour qu’il y ait de vrais temps d’écoute auprès des victimes. Je découvre l’association « SOS Femmes » avec qui je peux exprimer ce que j’ai vécu. Je suis stupéfaite de certains membres de mon entourage qui disent « oui, mais tu n’es pas facile non plus », « tu cherches…. », « c’est facile de se faire passer pour une victime », « lui aussi, il est malheureux »……je perds confiance dans mon entourage, change de ville, m’isole et prends beaucoup de temps à remonter la pente. Ce sont tous les effets post traumatiques dont m’avait parlé les membres de « SOS femmes ». Alors que je songe à mettre fin à mes jours en me jetant d’un pont…. je me dis que je veux vivre malgré tout. Je consulte un thérapeute qui va vraiment m’aider à remonter la pente. Je refais du théâtre, des choses pour moi et retrouver un peu de force. Beaucoup plus tard, je découvre une association « la trousse à outil » pour s’initier aux techniques d’autodéfense féministes. Je me rends compte du poids de la culture de soumission dans laquelle je vis et dans laquelle j’ai été éduquée. J’apprends des techniques simples et incroyables pour que nous puissions avoir confiance dans nos mécanismes d’autodéfense : par la parole, les cris, l’humour aussi et la solidarité ainsi que des gestes adaptés à beaucoup de situations. Je prends à la fois conscience de ma force et des mécanismes d’oppression.
Notification par e-mail
connecté
0 Commentaires