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Lettre à Marlène Schiappa… Parce que j’ai été violée trois fois

à Marlène Schiappa,
Secrétaire d’État auprès du Premier ministre,
Chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes,
Hôtel Matignon – 57 rue de Varenne – 75700 Paris SP 07

Quintenas, le 09 novembre 2017

Madame,

J’ai lu votre ouvrage Où sont les violeurs ?, et écouté quelques émissions dans lesquelles vous interveniez. Vous semblez sincèrement investie dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, et, à ce titre, je me permets de vous contacter, pour vous parler de ma situation, à titre d’exemple pour nourrir vos réflexions sur votre projet de loi – et non pour réclamer ou déposer quelque doléance que ce soit.

J’ai été violée à l’âge de 15 ans, à un arrêt de bus, par plusieurs jeunes hommes qui m’ont contrainte physiquement, et ont introduit chacun leur tour leurs doigts dans mon vagin. Lorsque j’ai trouvé le courage de me confier à ma mère, elle m’a dit : “si tu en parles, c’est sur toi que sera la honte”. J’ai donc gardé le silence de très longues années, mais mon état physique et psychique s’est dégradé – avec de nombreuses conséquences citées par la psychiatre Muriel Salmona (voir le site internet www.memoiretraumatique.org) : crises d’angoisse, attaques de panique, anxiété généralisée, dépression, hypothyroïdie, fatigue chronique, alcoolisations et mises en danger, etc.

Suite à ces mises en danger, et lors d’une visite d’une chambre offerte à la location sur Paris, visite pendant laquelle j’avais trop bu en compagnie de la personne qui m’avait accueillie, je suis restée dormir chez mon hôte. Pendant la nuit, cet homme m’a rejointe dans le salon où je dormais, et m’a violée.

Le lendemain, j’ai réussi à m’échapper de l’appartement en question. Je me sentais extrêmement honteuse – car je m’étais alcoolisée, et, pour moi, j’étais coupable de ce qui était arrivé. Et j’avais eu vraiment très peur, puisque j’avais été violée et séquestrée. Néanmoins, la honte pesant trop lourd, j’ai choisi de ne pas porter plainte – d’autant que l’agresseur avait pris soin de me contraindre à prendre un bain le lendemain matin même… J’ai quand même laissé un commentaire succinct sur le site de colocation, indiquant que l’hôte était fort incivil, pour éviter à d’autres femmes la même terrible expérience.

Mon état psychologique a encore empiré, et j’ai vécu de bien difficiles années… J’ai cependant réussi tant bien que mal à me “caser” professionnellement. Titulaire d’un bac+5 en droit, mais affublée d’une constante dévalorisation de moi, j’ai choisi une place à l’ombre, mais au Ministère de la Justice, car, au fond de moi, j’avais besoin de justice… Je suis devenue greffier, au tribunal de Grande Instance d’Arras puis de Lille.

Lors de l’exercice de mon tout premier poste, j’avais très peu confiance en moi. Lors de mon entretien d’évaluation, mon greffier en chef a tenu à me montrer ses photos de vacances – où étaient étalées ses activités de camping… nudiste. Cette personne a été mise “à la retraite anticipée” – car une autre personne que moi a dû parler, puisque je n’en ai pas eu la force… Je voudrais vous faire part de la violence, pour une femme, à être renvoyée à un tel espace de non-droit, au sein même Ministère “de la Justice”, devant l’inadéquation de cette sanction, qui gomme les faits et renvoie ces actes à une banalité, et la victime au silence et à l’injustice de ladite “Justice”…

Ma carrière au sein du Ministère a été semée de ressentis d’injustices et de dévalorisations après ce premier fait “fondamental”…

Par ailleurs, j’ai été violée une troisième fois, par mon ex-compagnon et voisin, qui n’a pas supporté que je rompe avec lui. Il m’a fait venir chez lui à l’aide d’un prétexte, m’a séquestrée et violée. Il connaissait mon histoire. Il était violent. Aujourd’hui, je suis convaincue qu’il s’agissait pour lui de me punir…

J’ai décompensé de tous ces traumas en mars 2016, après la répétition générale d’une pièce dans une compagnie amateure. Je devais y jouer le rôle de Nawal Marwan dans Incendies, de Mouawad Wajdi. Il s’agit d’une (magnifique) pièce au sein de laquelle la héroïne est violée, et j’avais tenté de dire au metteur en scène que je n’étais pas en capacité de tenir ce rôle, mais je n’avais pas été écoutée…

Suite à de violentes attaques de panique dès le lendemain, j’ai contacté l’Association L’Échappée, à Lille, où je résidais. Cette association, proposant un suivi psychologique individualisé des femmes victimes de viol, et un groupe de paroles de femmes violées, m’a beaucoup aidée. Je suis allée voir mon médecin généraliste qui m’a demandé des explications quand j’ai évoqué mon épuisement. Quand j’ai tenté de lui expliquer le viol par mon ex-compagnon, il s’est mis en colère et m’a dit : “oui, bon, il t’a un peu forcée, quoi !”. J’ai été glacée d’horreur et lui ai dit : “Je vous demande juste un arrêt, je ne souhaite plus parler avec vous”. Devant ma réaction, il m’a mise à la porte. Je ne peux décrire l’état d’effondrement dans lequel cette situation m’a plongée… J’ai l’impression de m’être vidée de larmes… Et j’ai dû trouver un autre médecin pour bénéficier d’un arrêt maladie. J’ai par suite été hospitalisée un an et demi en psychiatrie et je ne suis sortie de l’hôpital qu’en septembre dernier. J’ai d’ailleurs, dans ce milieu, rencontré de nombreuses femmes victimes de viol, et qui n’en avaient jamais parlé, n’avaient jamais osé… Elles se confiaient à moi, mais pas même aux thérapeutes… Le viol est malheureusement si banal, et encore si honteux, pour toutes, c’est notamment ce que j’ai découvert, dans le milieu psychiatrique…

Aujourd’hui, je demeure en convalescence et suis toujours placée en arrêt maladie de longue durée. J’ai quitté Lille pour tenter de laisser mon passé dernière mois, grâce aux soins de l’hôpital et à L’Échappée, je vais bien mieux, mais je peine toujours à trouver un équilibre émotionnel et personnel, et ai beaucoup de mal à me projeter dans une vie professionnelle, au vu de ce qu’elle résonne (le Tribunal et la “justice” institutionnelle me sont devenus phobiques), mais aussi au vu de mes pathologies (stress post-traumatique, trouble maniaco-dépressif, trouble de fatigue chronique, insomnies et cauchemars récurrents, etc).

Grâce au soutien du groupe de parole, j’ai pu déposer plainte pour le viol de mon ex-compagnon, qui est survenu en 2009 (pièce jointe n°1). Cela m’a été très douloureux, difficile et salvateur, car je l’envisage comme une réhabilitation envers moi-même, une autorisation que je me donne enfin à moi-même de briser le silence. J’ai envoyé un courrier au Procureur du Tribunal de Grande Instance de Lille en mai 2007. Un ami, auprès duquel mon ex-compagnon avait reconnu “m’avoir retenue chez lui” a accepté de rédiger une attestation en ce sens. J’ai été auditionnée en juillet 2017 par “la Brigade des mœurs”. Sur cette dénomination antédiluvienne, je me dois de vous interpeller, et de pointer ce qu’elle renvoie à la victime de viol : c’est donc encore une affaire de “mœurs”, et non un crime, comme le Code pénal l’édicte pourtant ?!

Un agent de police judiciaire m’a donc contactée pour une audition…Il ne m’a pas mal reçue. Il n’a cependant fait preuve d’aucune bienveillance. Il a refusé que l’amie qui m’avait accompagnée m’accompagne dans son bureau. Il m’a reçu seul dans un bureau plein d’objet sous scellés étiquetés “viol avec arme par destination”. Je ne peux que vous pointer l’horreur à laquelle est renvoyée la plaignante quand cet environnement lui est aussi indélicatement renvoyé… Il m’a fait patienter dix à quinze minutes sans m’adresser la parole, en tapotant sur son ordinateur. Je lui ai demandé s’il avait copie de mon dépôt de plainte et de la pièce (l’attestation de mon ami). Il m’a répondu qu’on ne lui avait pas fourni ladite pièce !…
Puis, il m’a demandé de lui relater les faits. A plusieurs reprises, il m’a posé des questions comme : “vous dites que vous ne vous souvenez pas bien du moment de l’acte sexuel, c’est parce que vous aviez bu, ou pris des drogues ?”. Je lui ai expliqué la sidération et le phénomène d’effacement de la mémoire, il n’a pas acquiescé mais l’a noté dans son procès verbal : “Mme LEMAIRE attribue le fait qu’elle ne se souvienne pas à la sidération”…
Je lui ai demandé ce qui allait se passer ensuite. Il m’a dit que mon ex-compagnon allait sans doute être convoqué, qu’il allait de toute évidence nier les faits, et que, comme je n’avais aucune preuve, l’affaire serait forcément classée sans suite. J’ai évoqué l’attestation de mon ami. Il m’a répondu : “la séquestration, c’est quand on est enfermé dans un espace restreint, qu’on ne peut VRAIMENT pas sortir. Là, vous étiez dans sa maison, ce n’est pas à proprement parler une séquestration…”.
J’ai entendu, Madame Schiappa, vos paroles sur France Culture évoquant la formation de la police en matière de viol. Certes, cet agent n’a pas dit qu’il ne me croyait pas. Mais croyez que la forme demeure extrêmement violente quand une victime, comme moi, est et demeurera fragile dans son regard à elle-même, dans le fait de sortir de l’enfer de la culpabilité et de la dévalorisation… Je n’ai, depuis cet épisode, reçu aucune nouvelle. J’ai téléphoné à “la Brigade des Mœurs” de Lille fin septembre 2017. L’officier en charge de mon dossier m’a répondu assez confusément qu’il “attendait des nouvelles du Procureur”… Et c’est, je veux en témoigner pour que les choses changent, une nouvelle violence que cette lenteur, que cette absence de réaction, que je ressens comme une négation de moi et de mon statut de victime, si je laisse les pensées noires prendre de l’ampleur… Comme cela arrive parfois.

Je me rends compte, maintenant que je me sens en droit de parler, que mon récit rencontre souvent scepticisme, minimisation, gêne, silence… Il est très difficile de parler de viol, et encore plus difficile d’être accueillie dans cette parole ! Et il n’est pas étonnant que tant de victimes renoncent. Après avoir dépassé la honte, la culpabilité, il faut encore faire face à la malveillance, à l’indifférence, à la honte dans les yeux de l’autre face à ce tabou absolu. J’aimerais attirer votre attention sur ce point. En termes de prévention et de réhabilitation, il me semble essentiel que des campagnes de sensibilisation soient menées, envers les hommes et les femmes, pour réhabiliter enfin les victimes… Pour briser la culpabilité dès la survenance du viol… Pour que les victimes osent enfin parler… Pour qu’elles ne soient pas mal reçues mais au contraire soutenues, épaulées, réhabilitées… L’éducation de chacun est si peu construite…

Vous avez évoqué très justement ce qui est véhiculé par la culture du viol.
Je veux attirer votre attention, surtout, sur la culture et l’imaginaire social entourant la victime de viol : malheureusement , la honte n’a pas changé de camp, elle demeure du côté de la victime, dans le regard qu’elle pose sur elle-même, mais aussi sur le regard que tous lui renvoient, et, parfois, avec les meilleures intentions du monde…

Madame, il est primordial pour moi de faire avancer les choses. Si j’ai survécu, si je ne suis pas morte, alors que j’ai pensé tant de fois à mettre fin à ma vie, parce qu’elle était trop douloureuse, c’est parce que j’ai envie de mener ce combat. Le combat non violent de la réintégration de la victime de viol et, plus largement, la réconciliation des genres, sans que les rapports de pouvoir et de domination entre ces genres ne fassent basculer leur relation dans l’horreur… Je voudrais témoigner des conséquences du viol, en ce qu’il est intimement, si intimement douloureux, qu’on ne peut jamais l’effacer tout à fait…

J’espère que cette lettre vous soutiendra dans vos démarches et vous permettra d’affiner encore votre regard sur la problématique du viol. J’espère que vous pourrez utiliser mon témoignage pour mener cette bataille vers la paix entre genres et la résilience des victimes, et vous y autorise de grand cœur. J’ai aussi compris que vous réunissez un conseil d’expertes et d’experts sur la question des violences sexuelles, et j’ai un grand désir d’y participer, si vous estimez que mon témoignage et mes réflexions pourraient être ici utiles.

Vous remerciant de votre attention à la présente, infiniment,

Bien à vous, sororalement,

Marie

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angele
angele
6 années plus tôt

Comment une mère peut elle dire a sa fille que la honte est sur elle si elle se fait violer a un arret de bus?C est pas une réaction normale de mère qui doit prendre son bébé dans ses bras et l accompagner au commissariat pour déposer plainte!C est attroce, ce que vous décrivez est de la maltraitance, sa réaction est totalement inapropriée et je pense qu avoir eu une enfance difficile peut exposer une jeune femme a des prédateurs sexuels, car elle a une mauvaise estime de soi, et il faut de très longues annees pour sortir la tete de l eau. Courrage à vous, je vous soutiens dans ce combat.

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Lazuli
Lazuli
6 années plus tôt

Tu as eu un parcours tres difficile, j’ai beaucoup d’admiration pour toi ❤️
Tu as eu raison d’ecrire cette lettre.

C’est une tres bonne chose que tu aies pu faire du theatre, surtout en jouant” incendies” merveilleuse piece avec la femme qui chante! J’adore Mouawad Wajdi, c’est un auteur merveilleuse. Il y a sur youtube une interview de lui avec Laure Adler “hors champs”.

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amour
amour
6 années plus tôt

inconditionnellement…

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moune-tisi
moune-tisi
6 années plus tôt

Ce que vous dites à propos de la “Justice” est vrai. En Guadeloupe où j’ai subi des viols collectifs aggravés, c’est moi qui suscite le mépris et le rejet. C’est une petite communauté où tout se sait, mais le personnel administratif du Tribunal d’Instance de Pointe-ä-Pitre a une attitude incompréhensible. La secrétaire juridique du Procureur me refoule systématiquement lorsque je dépose plainte contre mes agresseurs qui continuent après les viols à me harceler et cherchent à porter atteinte à mon intégrité physique.

Des hommes agents administratifs pointent le doigt vers moi en disant fort en créole “elle ne va pas venir faire emmerder les gens ici!
Lorsque la secrétaire juridique me rejette, elle m’envoie vers un autre bureau où je peux me renseigner. Les agents en me voyant arriver s’en vont et me laisse là. J’insiste, une stagiaire vient me dire que le personnel est en réunion et qu’il n’y a personne pour le renseigner. Je dois systématiquement revenir des semaines après pour un numéro de plainte. Tout cela est indigne de la Justice, qui à mon sens doit être impartiale. Deux protagonistes des viols le serrurier qui a ouvert ma porte et donné les clés aux proxénètes et mon beau-frère par ailleurs enseignant sont parents avec la présidente du Conseil départemental et ont des parents dans la police. A la police c’est pareil, là aussi je me fais jeter, je subis des moqueries et des humiliations de la part de certains policiers du commissariat à Lafont.

Mon sentiment est que la Justice est infiltrée par des criminels qui n’ont rien à y faire et agissent en réseau. Notamment les trafiquants de stupéfiants qui se protègent.

Les proxénètes qui m’ont agressé sont en lien avec un nouveau sénateur de la Guadeloupe ex-président de région. Ils font partie de son clan. Ce sont ces hommes et femmes de terrain. En clair des trafiquants de stupéfiant et des ” géreurs”. Comprenez des harceleurs. Alors si j’ose dire mon sort la dedans!

Je suis allé dans une association d’aide aux victimes à Pointe-à-Pitre, quelle déception.

Merci de votre témoignage qui décrit si fidèlement ce que nous pouvons vivre et ressentir après un viol. Puisse votre lettre trouvé un écho favorable, la Justice a besoin de personnes comme vous.

Quant à la prescription pour le viol, elle devrait être supprimée. Les plaintes devraient être systématiquement prises en compte pour enquête. Aujourd’hui c’est la victime qui doit porter la preuve de son agression, la preuve devrait concerner aussi l’agresseur.

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Anne64
Anne64
6 années plus tôt
Répondre à  moune-tisi

C’est TRÈS TRÈS TRÈS VRAI.
C’est effrayant ce système judiciaire médical associatif médiatique psychiatrique politique etc ….
Bon courage
Je vous soutiens.

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falab
falab
6 années plus tôt

Nous y voilà. Pouvoir, argent et sexe sont liés. Rien de nouveau sous le soleil.
Ce qui change, c’est la volonté politique.
Mr Hollande a commencé à faire le ménage dans les abus des gens de pouvoir et leurs rapports à l’argent. Il reste encore des scandales à venir. Mais nous sommes sur la bonne voie, semble-t-il.
Mr Macron , par la mission confiée à Mme Shiappa, semble vouloir s’attaquer aux abus et abuseurs sexuels. C’est courageux, parce qu’il faut partir de loin. Après tout, Giscard est à l’origine de la première loi faite pour les femmes, dans ce qu’elles ont de plus féminin. La loi Veil. Rien n’est impossible aux hommes de bonne volonté.

Serions-nous dans une nouvelle étape de l’état de droit ? Dans l’application de l’égalité en droit ? C’est à dire que les riches et puissants n’auraient pas plus de droit que les pauvres et les faibles. Les puissants n’auraient plus de droit à disposer des faibles … c’est à dire des femmes. Parlerait-on de vraie parité ? Où la solidarité masculine perdrait son sens grivois ?
(Tiens, “victime” est féminin ! hasard de la langue ou évidence ? “Agresseuse” sonne tellement faux).

Les abus sexuels sont nécessairement liés à l’idée qu’on se fait du pouvoir. Du pouvoir d’êtres humains sur d’autres êtres humains. C’est à dire de la banalisation et de l’impunité d’abus. Et les faits vont dans ce sens. La norme est le silence des victimes. Ce silence est un cautionnement au pouvoir que leurs agresseurs exercent sur elles. Et quand elles parlent, les victimes sont d’office soupçonnées de ne pas dire la vérité, d’en dire trop ou pas assez. bref, leur parole est mise en doute. Et même si le représentant de l’autorité les croit, le système auquel il appartient (institutionnel, culturel, …) exige que la victime apporte des preuves immédiates et indiscutables. Non seulement qu’elle est victime, mais encore que celui qu’elle accuse est coupable. C’est comme-ci celui qui vient d’être cambriolé devait fournir l’emploi du temps de son voleur pour être cru et que sa plainte soit recevable. Même si les violeurs ne sont pas des puissants, des chefs ou des patrons. par le viol en lui-même, ils exercent et entretiennent un rapport de pouvoir sur leurs victimes. Or ce ne sont pas les perdants qui écrivent l’Histoire. C’est donc la version des “forts” qui est retenue.

Quant à l’idée de réseau de harceleurs-violeurs, de complots pour garder une zone de confort et d’impunité par et entre les “porcs”.’ C’est vraiment à se demander. Des porcs s’assureraient de pouvoir continuer leurs exactions en choisissant des postes et des métiers qui leurs permettraient de s’auto-protéger, et de protéger des “confrères d’horreur”. je peux être accusée de paranoïa, d’être complotiste. Mais non seulement ce n’est pas impossible, mais encore cela expliquerait tout. la lourdeur de la chape qu’il faut soulever pour faire reconnaitre les faits, dans toute leur importance. pour que les faits ne soient plus banalisés, mais au contraire reconnus à leur juste valeur. Banaliser des mains aux fesses et des réflexions salasses, c’est déjà diminuer la gravité des viols. quoi de plus facile ensuite de rejeter la responsabilité sur les victimes, “qui l’ont bien cherché”. tout est de leur faute.
Sans compter que ça fait si longtemps que ça dure qu’on n’imagine plus faire changer les choses. Depuis le XVème siècle et l’inquisition, c’est bien connu que le diable réside dans les femmes ! ce sont elles qui font tourner la tête des hommes les plus vertueux. Les pulsions ne peuvent être reprochées aux hommes ! Alors pourquoi changer quelque chose qui marche si bien ? Les hommes sont supérieurs aux femmes. Il est donc normal qu’ils occupent les postes de pouvoir. et si elles regimbent, les hommes les font taire. c’est culturel. tiens, c’est vrai chez les chrétiens et chez les musulmans. chez les bouddhistes aussi. c’est donc une loi universelle chez les humains ? Qui peut prétendre changer les choses ? (très honnêtement, je n’ai jamais entendu parlé d’abus par des chefs religieux juifs. est-ce qu(il n’y en a pas ou est-ce encore mieux gardé que dans les autres traditions culturelles ?)

L’idée d’obtenir de la reconnaissance en tant que victime me déplait un peu. La mode chez les psys veut qu’une victime subit et qu’elle n’est donc pas en capacité de maitriser ce qui lui arrive. Il est temps qu’on change de mode. Ce que je souhaite, c’est que les abuseurs soient reconnus coupables. Que le soupçon de leur culpabilité choque, avant tout prémisse de honte chez la victime.
Comme on recherche qui a péter dans l’ascenseur avant de se sentir coupable d’avoir de l’odorat. Même si l’autre personne présente est votre patron. et même s’il a l’air dégagé, il ne fait aucun doute qu’il n’est pas à l’aise. Et il sait que vous savez qu’il n’est pas fier. S’il lui vient l’idée de vous faire passer pour la coupable par des regards appuyés, votre air choqué suffit à rétablir la vérité, ou du moins à semer le doute en votre faveur. Cela peut vous déstabiliser, mais Justement, parce que cela incrimine votre patron et qu’il vous faudrait tellement de culot de le laisser accuser à votre place, que c’est à peine imaginable que ce soit vous !
Ce changement profond des mentalités ne peut arriver que par le changement du cadre de loi. Alors merci à toutes celles et à tous ceux qui œuvrent pour faire changer les choses dans le bon sens. Merci à Vous Marie, qui trouvez la force de continuer, malgré tous ces accidents de parcours,. Merci Mme Shiappa de vous atteler à ce si impressionnant projet. Tous mes vœux de réussite vous accompagnent.

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Géraldine
Géraldine
6 années plus tôt

Bonjour Marie, tout mon soutien.Je ne peux que dire cela en commentaire.Et vous laisser mon e-mail.Je suis “sidérée” par votre témoignage.Et vous devez comprendre pourquoi j’emploie ce mot.Amitiés Géraldine

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estelle
estelle
6 années plus tôt

CE N’EST PAS A NOUS DE PORTER LA HONTE MAIS A EUX.
merci de votre témoignage en espérant qu’il sera entendu. Moi aussi victime de viols à plusieurs reprises me suis heurtée à la rudesse des professionnels concernés à l’hôpital et dans les commissariats, on se sent soupçonnée de mensonge même quand le certificat médical est là, ce qui nous confine dans notre auto-dévalorisation suite à ses actes et nous empêche de reprendre le dessus. Nous sommes niées par tous, nous représentons un embarras pour tous même notre entourage, tout le monde souhaite nous voir disparaître à force … et pourtant CE N’EST PAS A NOUS DE PORTER LA HONTE MAIS A EUX. NOUS DEMANDONS JUSTICE.

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kalindja
kalindja
6 années plus tôt

Il n’y a pas de mots assez forts pour exprimer notre sentiment d’être abusée non pas par un inconnu dans la rue mais par notre conjoint, mari, petit ami ou ex… et encore moins pour dire a quel point c’est difficile de briser le silence et de se retrouver dans une gendarmerie, un tribunal ou meme parfois des organismes sociaux à être traitée d’affabulatrice ou encore d’instable… On ne finit par ne plus porter plaibnte pourquoi faire? et lorsque je vois des articles de journaux parlés de cette meme violence de la part de vice procureur dans le Languedoc Roussillon alors que dans le meme mois on met sans suite une plainte avec jour d’itt et constatation legiste ou on refuse parceque soit disant la vicitime souffre d’une psychopathologie complexe une ordonnance de protection. Meme si la victime est folle est ce une raison suffisante pour la laisser continuer à vivre dans la peur et continuer à la forcer à voir regulierement son agresseur et se faire taper dessus ou menacer de mort sans que jamais personne n’intervienne pour venir à son secours malgré ses appels à l’aide. la double peine de la victime.

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Marie
Marie
2 années plus tôt

Merci à tous pour vos commentaires… 4 années se sont passées, je n’ai reçu aucune nouvelles !… Je ne suis pas étonnée, malheureusement. Mme Schiappa, qui avait de si belles idées sur le papier, m’a juste fait répondre une ligne ou deux pour m’adresser au CIDFF… Lequel m’a adressée à l’Aide aux Victimes… Qui n’a obtenu aucune information du TGI ou de la police… J’ai juste été entendue par un psychologue de la police, car le viol est le seul crime où la victime est présumée coupable…Je me suis résolue à être niée par la Justice, après avoir été niée par mon agresseur. Mais je suis fière d’avoir levé le poing, et redressé la tête, en portant plainte ! Bien à vous toutes et tous, femmes et hommes de bonne volonté. Fraternellement, sororalement, Marie

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