Lorsque j’avais 6 ans mon frère à institué un jeu sexuel entre nous alors que nos parents étaient parti quelques heures et qu’il devait me garder.
Les souvenirs ce sont effacés pour me permettre de tenir face à l’anxiété et l’angoisse mais quelques brides reviennent régulièrement. Je me souviens de lui, entrain d’essayer de faire rentrer son sexe dans le mien pendant que je tenais une position de passivité pendant plusieurs secondes en attendant que celà se passe . ” Heureusement” mon corps d’enfant ne lui a pas permis de me violer. Je me souviens avoir été comme une poupée qu’on manipule, je me souviens de sentir un rapport de domination, d’être soumise à son jeu qui était monté de toute pièce par son imagination. J’avais 6 ans et lui 13. Maintenant je sais qu’il ne peut pas avoir oublié. Je sais qu’il a abusé de moi en touchant mon corps, en m’envoyant des messages par mail quelques années plus tard pour me proposer de découvrir le plaisir sexuel avec lui.
Il me dégoûte et je le déteste. J’ai terriblement peur de savoir qu’il a pu abuser de quelqu’un d’autre. Terriblement peur d’en parler à ma mère victime des attouchements de son père qui ont déclenché sa dépression et lui ont fait subir plus de vingt ans de traitement d’antidepresseur.
Elle a su me parler de ce qu’elle a subit. Elle a aussi su me parler des autres femmes qui ont été abusée dans ma famille. Aujourd’hui je prends conscience que le schéma se répète. Je me demande si mon frère a été victime de mon grand père comme ma mère l’a été plus jeune.
Au fond de moi je voudrais apprendre la mort de mon frère pour me sentir soulager. Je me demande s’il est malade mental, s’il est profondément pervers, s’il n’a aucune conscience. Je me demande comment ma haine contre lui pourra un jour s’éteindre sans me bouffer à l’intérieur.
20 ans plus tard, je cherche toujours à me soigner, à me protéger de ces pensées, à protéger les autres personnes, femmes et hommes victimes des impulsions dévastatrices des agresseurs.
Ma colère est incommensurable et ma parole figée par le tabou familiale qui ne ferait que détruire ma mère déjà si fragile. Je me sens comme un pilier familiale pourrit a l’intérieur qui résiste pour ne pas laisser les fondations s’écrouler. Pourrit à cause de cette personne malsaine qui s’en est pris à moi alors que je n’étais qu’une enfant. Je me sens comme un objet, un corps sexualisé, privé de parole, portant le poid d’une culpabilité qui je ne mérite pas.
A mes frères et mes sœurs portant cette même responsabilité : je suis sincèrement désolée que ce monde puisse être immonde à ce point, désolée de cette injustice qui s’impose à vous.
Je remercie mes ami.e.s pour tout cette amour qui me guéri chaque jour un peu plus.