Cela faisait quelques semaines que je voyais un homme qui me plaisait et qui me faisait la cour à la façon « le Magnifique » de Belmondo, cela me faisait rire. Très vite, il a déclaré sa flamme « je n’ai jamais eu cet élan, cet amour pour une femme »… Je sortais d’une histoire douloureuse et ces mots, qui me semblaient irréalistes, me faisaient malgré tout rêver. J’aimais ça. Malgré sa réputation de baratineur, je pouvais imaginer que cela aurait pu être une Belle histoire…
Un après-midi, j’accepte de boire un café chez lui. je rentre dans son appartement et l’atmosphère ne ressemblait plus du tout à un conte de fée. C’était glauque, porte fermée à clé, volet à demi clos… Mais ce qui a alerté tout mon corps, c’est son regard. Vide. Lui qui parlait tout le temps. Il me regardait sans aucune autre expression. Il ne parlait plus du tout. Je transpirais.. je n’avais qu’une idée ; sortir de là. Je suis sortie. sans qu’il me touche. Il ne s’agit pas d’une agression en tant que telle. Mais je me suis sentie dans un guet-apens et j’en ai eu longtemps la culpabilité. Ce regard a été la fin de l’insouciance.
Cet homme même si il ne m’a pas touché a mis le doute dans mon esprit, au point de me sentir en danger.
J’ai encore beaucoup de mal à être avec un homme dans une pièce seule, sans repenser à cette scène.
C’est ce contraste entre l’Histoire qu’on attend et la proie que nous sommes qui nous réveille un matin, loin très loin du Prince Charmant.
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Tu es tombée sur un fou, tu as eu de la chance de sortir de cette pièce!
Oui, j’ai eu de la Chance.
Et qu’est-ce qu’il s’est passé ?
Rien, du moins il n’y a pas eu agression.
Et pourtant beaucoup de choses se dégagent du témoignage d’Elisabeth, riche en éléments communs avec une situation d’agression, qui peuvent amener certaines personnes à se poser des questions sur le sujet pour essayer de mieux comprendre.
– Comment une victime peut-elle se laisser « attraper » ? (je suis tellement « sur(e) que ça ne peut pas m’arriver à moi). Il suffit souvent de vivre quelque chose de déstabilisant, ici une rupture amoureuse (ça peut être un divorce, une perte d’emploi, une maladie, une expatriation, un simple déménagement), qui met la victime dans une situation plus ou moins de faiblesse, et donc plus apte à se laisser approcher par qui propose une consolation, un réconfort, une aide quelconque, ou simplement change les idées. Plus apte aussi à se mettre en situation de danger. Ou à ne pas voir le danger.
– Comment une victime peut-elle ne pas avoir vu que cet individu est dangereux? parce qu’ils sont nombreux -comme le ouistiti du témoignage d’Elisabeth- à présenter deux visages. L’un aimable, drôle et charmant à la société. L’autre sombre et dangereux, à ses victimes. On peut penser à Ted Bundy.
– On voit aussi que, systématiquement, automatiquement, par un mécanisme que j’aimerais réussir à comprendre, une personne agressée ou susceptible de l’être, se sent coupable.
On se demande comment Elisabeth pourrait bien se sentir coupable de quoique ce soit; et pourtant c’est un fait. Ce qui peut nous permettre de mieux comprendre que puisque la victime se sent déjà coupable à la base sans aucune raison valable, c’est ajouter à sa douleur et à sa honte que de vouloir rejeter sur elle une part de responsabilité dans ce qui s’est passé. Une couche ça ira, merci.
– On peut voir aussi à quel point une « simple » situation de danger peut déjà affaiblir une personne. Déjà, il y a des conséquences, des répercutions. L’attitude d’Elisabeth a changé. Dans certaines circonstances, elle vit de la peur, même si la situation ne le justifie pas. Le doute s’est insinué en elle, elle ne sait plus trop.
Alors imaginons les répercutions sur une personne agressée!
Imaginons sur une personne multi-agressée, depuis son enfance. Peut-être que parmi ses agressions, il y en a une ou elle avait bu… peut-être qu’elle avait bu parce qu’elle était fragilisée d’une agression antérieure…ou d’un abus quelconque.
C’est profond et complexe. On ne peut pas juger sur le superficiel.
Elisabeth, le prince charmant n’existe pas, ça il va falloir l’admettre une bonne fois pour toute :-), mais des hommes charmants, si, plein 🙂
Bon courage.
Bonjour,
Je lis votre témoignage aujourd’hui, et je vous en remercie. Vous avez parfaitement cerné mon histoire. je me suis sentie coupable, car cet homme me plaisait. Et c’est très perturbant d’être dans cette situation où on sent qq chose qui n’est pas normal, de vouloir fuir alors que nous sommes dans une relation de séduction au départ.
Encore merci pour votre regard bienveillant,
Quel plaisir de lire un commentaire aussi intelligent et empathique.
Je crois qu’il faut que tu lises une 2ème fois le témoignage .
En même temps ton incompréhension est très révélatrice de la cécité de bcp d’hommes.
Vous n’avez jamais éprouvé cette menace , ce sentiment d’être traqué et à la merci.C’est la terreur et elle se manifeste par des tas de signes: le coeur qui cogne, les jambes qui tremblent et ne portent plus, la gorge étranglée de panique.Sa vie menacée.
Mais c’est sûr de l’autre côté on ne peut concevoir tout cela et du coup dire de belles conneries et passer à côté de l’essentiel: écouter et tenter de se mettre à la place de.
Je crois qu’on ne se fait pas confiance alors que tt le corps est en alerte : mains qui tremblent, le coeur à 200, la vision qui se trouble… on ne veut pas voir, car c’est de l’ordre du non imaginable… De passer des mots qui enveloppent à un regard qui vous fige. Même encore aujourd’hui le doute est présent, la culpabilité d’avoir plu ou de vouloir plaire est ancrée.