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Le guide de chasse de mon père

J’avais 13 ans et demi.
Fatigués, nous arrivions en pleine nuit au camp de chasse, après plus d’une journée de route au fin fond de la savane Camerounaise. J’étais accompagnée de mes parents et de mon petit frère de 9 ans, j’étais sceptique quant à la réussite de ces vacances en famille ! A cet âge j’avais plus envie d’être au contact de mes paires.
Et soudain, il est arrivé en caleçon rose pour nous accueillir. C’est notre guide de chasse pour les prochains 15 jours.
Il est jeune, en tout cas pas si vieux ! Je le trouve charmant, il me plait tout de suite. Je me souviens m’être dit que peut-être j’allais passer de bonnes vacances finalement !!
Il avait 23 ans. Il savait qu’il me plaisait. Il m’a charmé discrètement, et puis a commencé rapidement à me faire du pied sous la table lors des repas. J’étais troublée. Nous étions toujours côte à côte dans le pic up, je n’ai d’yeux que pour lui. Il arrive même à me convaincre de l’utilité de la chasse ! je bois ses paroles.
Tout le monde savait qu’il me plaisait, ils étaient même au courant que je lui plais.
Mon père, (pour me protéger) lui lançait régulièrement des «si tu touches à ma fille je te mets une balle entre les deux yeux. » tout le monde semblait trouver cela amusant.
Rien ne s’est passé pendant toute la durée du séjour.
Il a décidé de nous accompagner à Douala et de passer la dernière nuit et journée avec nous à l’hôtel avec piscine. J’ai passé cette dernière journée à pleurer, je n’ai pas envie de partir, je n’ai pas envie de le quitter.
Alors que je passais devant la porte de sa chambre d’hôtel, il ouvrit la porte et me tira à l’intérieur. Il me colla contre la porte et m’embrassa. Un peu brusque et un peu dans la précipitation, mais, il venait de m’embrasser ! J’étais sur un nuage !
Lorsque je suis rentrée en France, j’attendais ses lettres avec impatience. Rien ne laissait transparaitre une once d’intimité, si ce n’est celle d’un copain, d’un grand frère bienveillant et un peu moralisateur, qui n’oublie pas de me rappeler de bien travailler en classe…
L’année passa. Il nous rendit visite en France. Nous nous embrassions. Il a essayé de m’attirer dans sa chambre, mais j’ai refusé. Lorsqu’il est reparti, la relation épistolaire a continué.
J’ai 14 ans et demi. Voilà toute ma petite famille de retour dans ce même camp de chasse.
Je suis tellement heureuse de le revoir !!
Rapidement après notre arrivée, il nous a dit qu’il avait prévu que nous allions encore un peu plus loin dans la brousse. Nous y resterons 3 ou 4 jours, le temps qu’il faut pour rapporter le gibier tirer. Il avait fait monter un mini camp sur cette zone : 2 cases africaines. Une pour les parents, une autre pour mon frère, moi, et lui !
Pourquoi mes parents ont-ils accepté ça ? Je me pose encore la question !
J’ai encore une fois le souvenir de mon père qui lui dit ; « si tu touches à ma fille, je te mets une balle entre les deux yeux ». Ça y est, mon père avait joué son rôle de père protecteur.
J’étais heureuse de passer ma première nuit à ces côtés, enfin dans ces bras !
Mais mon doux rêve devient rapidement un cauchemar. Nous voilà tous les trois à dormir dans 2 lits, je suis au milieu, mon petit frère, un bon dormeur s’endort en quelques minutes.
Je n’arrive plus à me souvenir s’il voulait faire l’amour…mais il m’a rapidement demandé de lui faire une fellation. J’ai refusé, il entre très vite dans un chantage affectif ; « Je croyais que tu m’aimais, en fait tu ne veux pas me faire plaisir ». « Tu ne m’aimes pas vraiment. », il me boudait, me faisait la tête me tournait le dos, m’ignorait. Je me souviens qu’il ait forcé ma main sur son sexe, j’ai fini par le masturber. Et j’ai recommencé tous les soirs. Il a introduit ses mains dans ma culotte. Puis dans mon vagin chaque soir, là encore. C’était douloureux, je n’en avais pas envie. J’avais envie de ses baisers, j’avais envie d’être contre lui, j’avais envie de partager de la douceur, du contact, mais pas ça ! J’avais 14 ans et demi.
Mon cauchemar a duré 4 ou 5 nuits, je me souviens de temps de sieste aussi.
Et cette phrase qui résonnait en moi : « Si tu touches à ma fille tu as une balle entre les deux yeux. »
Mon père pensait avoir joué son rôle de protecteur et m’avoir ainsi mis hors de danger en lui disant cela…et finalement, cette phrase m’a fait peur et m’a un peu plus coincé dans les mailles de son filet.
Je me sentais prise au piège… C’était mon premier amour, voilà un an que je rêvais de le revoir, tout ne pouvait pas se finir avec une balle entre les deux yeux. J’ai gardé le silence. Je l’ai protégé.
Je me souviens avoir eu envie de rejoindre mes parents pour dormir avec eux. Le soir ma mère était étonnée de me voir me coucher si tôt… en fait mon plan était de me coucher le plus vite possible pour dormir avant qu’il n’arrive. Mais il arrivait à chaque fois à peine quelques minutes après moi. Et il recommençait.
Nous sommes ensuite retournés dans le camp de chasse principal et chacun à retrouver son espace.
Je ne me souviens pas s’il s’est passé d’autres choses ensuite. Je n’ai que très peu de souvenir du reste du séjour en dehors de ces 5 jours, où je me suis sentie coincée, abusée.
J’ai 40 ans demain… témoigner aujourd’hui pour me permettre de me libérer et d’accepter d’avoir été la victime. Non je n’étais pas responsable. Ce que j’ai vécu il y a 26 ans n’aurait pas dû arriver. Je n’en suis pas coupable ! C’était lui le bourreau. Il est temps pour moi de lui rendre sa responsabilité.
Ce n’était pas à moi de protéger cet homme que par ailleurs j’admirais, que j’aimais du haut de mes 14 ans et demi.
Nos courriers se sont atténués l’année qui a suivi, puis se sont arrêtés. Il n’est pas revenu chez nous cette année-là, et les suivantes non plus.
Le retour. A l’âge adulte : Le temps a passé. J’avais 21 ans lorsque mon père m’a demandé si je souhaitais les accompagner en Afrique, en me précisant qu’il sera présent. J’ai refusé dans un premier temps. J’éprouvais de la colère envers lui. Et puis j’ai ressenti cette envie au fond de moi de le revoir, les raisons n’étaient pas bien claires, un besoin de l’affronter, d’avoir des explications, et en même temps envie de revoir mon premier amour celui dont j’étais folle des années plus tôt. Comme une envie inconsciente de mettre du beau là où il n’y en avait plus.
J’accepte la proposition de mon père.
Nous voilà de retour dans la brousse africaine tanzanienne cette fois. Le premier soir après le repas et un temps de discussion autour du feu, les chasseurs, mes parents, mon frère, et autres guides se sont retirés progressivement retrouver leur lit.
Nous voilà en tête à tête. C’est le moment. Je ne tarde pas à aborder le sujet. « J’aimerais que l’on reparle de ce qui s’est passé il y a 7 ans ». Je ne sais plus exactement ce que je lui ai dit ou reproché ; mes sentiments étaient confus. Il a été d’accord pour aborder le sujet pendant quelques minutes et m’a rapidement fait comprendre que je l’agaçais : « Si tu es revenue, et que t’as fait tout ce voyage, ce n’est pas pour me prendre la tête pendant 15 jours sur ce qui s’est passé il y a 7 ans, mais plutôt parce que tu avais envie de me revoir ».
Boumerang. Manipulation. Il m’a coupé la chique. Je n’ai rien vu venir. Je me suis sentie incomprise, pas entendu et en plus je dérangeais avec mes reproches, j’ai eu le sentiment d’être qu’une enfant à ces yeux, pas assez mature, je me suis sentie humiliée, et puis j’ai culpabilisé de lui reprocher ce qui s’était passé 7 ans plus tôt, coupable de n’avoir pas su ressentir autre chose qu’un mal être, coupable d’avoir été trop jeune pour le satisfaire.
N’avait-il pas raison ? Une part de moi avait envie de cette reconnexion avec cet homme que j’avais aimé. N’avais je pas au fond envie de le rencontrer avec mon corps de femme cette fois, sentir que oui cette fois ce contacte serait ok, j’étais enfin prête à me donner.
Et pourtant mes souvenirs ne me racontent pas non plus cette fois le bel amour rêvé. Je ne me suis pas sentie respectée, aimée, accueillie, comblée. Il n’était ni romantique, ni tendre, pas à l’écoute non plus. Je crois me souvenir que nous ne terminions pas nos nuits ensemble. « Je profite de toi, et je dors mieux seul. »
J’ai mis du temps à assumer cette partie de l’histoire, encore plus que ce qui s’était passé 7 ans au paravent. Car oui j’étais adulte.
Ce mélange de sentiments m’a causé un réel débat intérieur. J’avais envie que le rêve soit réel. Que l’homme dont j’étais amoureuse à 13 ans et demi existe réellement, qu’il ne soit pas juste le fruit de mon imagination.
Ce dégout, cette répulsion finalement je l’ai tournée vers moi pendant longtemps. Je me suis sentie coupable d’avoir été abusé, je me suis accusée de ne pas avoir su être suffisamment ferme, claire, d’avoir su faire entendre mon « Non ». Et puis coupable d’y être retourner 7 ans plus tard, une fois adulte, après qu’il est abusé de moi, tout en ressentant qu’il n’avait pas de réels sentiments pour moi !
Aujourd’hui ce témoignage m’aide à remettre les choses à leur place. Oui j’étais amoureuse et il disait avoir des sentiments pour moi. Pourtant, il a abusé de moi, de ma confiance, de ma jeunesse, de ma naïveté, de mon admiration pour lui, de mon corps, pour satisfaire ces désirs. Et ce qui s’est passé à 21 ans, était uniquement les conséquences de ce qui s’était passé 7 ans plus tôt. J’étais déjà pigée.
Raconter toute l’histoire à mon père : lorsque j’ai eu 22 ans j’ai vu une psychologue qui me conseillait d’en parler à mes parents. Dans un premier temps j’ai refusé en lui disant que je ne pouvais pas, qu’il allait le tuer… Elle m’avait prédit que je serais certainement surprise de la réaction de mon père. Elle avait raison.
Il a été surpris, choqué, embarrassé, gêné, tout, sauf en colère. Alors ça effectivement je ne m’y attendais pas ! Il m’a demandé pourquoi je lui racontai tout cela maintenant, alors que j’étais retournée vers lui l’an passé. Puis il y a eu une question à laquelle je ne m’attendais pas… « que veux tu que je fasse ? ». « Mais oui, mais tu y es retourné… ».
Je n’ai pas ressenti de soutiens, de réconfort de protection de la part de mon père. Incomprise, et à nouveau coupable. Comme si il légitimait ce qui s’était passer lorsque j’avait 14 ans puisque j’y étais retourné.
Alors aujourd’hui c’est à moi de donner à la jeune fille que j’ai été, ce dont elle avait besoin.
Ce que j’ai envie de donner à la jeune fille en moi de 14 ans et demi c’est de répondre à son besoin de reconnaissance, lui donner ce regard d’adulte bienveillant, qui comprend sans mot, lui apporter ce qu’aucun adulte n’a su lui apporter il y a 26 ans : la protection.
Ce que je souhaite apporter à la jeune adulte de 21 ans c’est de l’empathie, du soutien, une oreille attentive pour pleurer, pour parler pour exprimer ce qu’elle ressentait lorsqu’elle n’a pas été entendu. Lui dire que je comprends ce qui s’est passé pour elle. La rassurer en lui disant qu’elle était sous l’emprise de cet homme qu’il lui était impossible de faire la part des choses à cette époque, avec le peu d’expérience qu’elle avait. La regarder avec un regard bienveillant. Et lui dire aussi qu’elle peut sortir de cette culpabilité ? Lui donner de l’amour…
Je suis désolée jeune personne au fond de moi, de t’avoir oublié, et laissé seule gérer tout cela.
Je te demande pardon de ne pas m’être occupé et libéré de toi plus tôt.
Je t’aime tel que tu es avec toutes les expériences belles ou douloureuses que tu as vécues.
Et je te remercie de me montrer le chemin de la guérison.

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