En ce bel après-midi, dans ma petite ville du Nord, ma voisine avait été invitée à jouer chez moi : j’avais six ans, elle en avait deux de plus. Nous étions dehors, dans la cour de ma maison, qui donnait sur une rue peu passante mais, par précaution, mes parents avaient fermé le portail à larges barreaux.
Nous nous amusions à jeter dans la rue de petits cailloux, récupérés sur le sol de la cour.
C’est alors que se présenta au portail un jeune homme, le frère aîné de ma voisine. Il intima à celle-ci l’ordre de rentrer chez elle puis il m’accusa de l’avoir blessé en lui jetant un caillou sur le sexe, lui causant ainsi un bleu. C’était évidemment faux mais, devant son ton menaçant, je fus rempli de frayeur, de confusion et de culpabilité. Il continua en m’enjoignant de venir toucher son sexe pour y sentir la bosse que je lui avais soi-disant causée. J’étais terrifié et je n’avais qu’une envie, prendre les jambes à mon cou mais la culpabilité fut la plus forte et je m’exécutais. Je découvris alors ce qui était pour moi, à six ans, un Ovni : un sexe en érection. Mais en le touchant, je me rendis compte qu’il était dépourvu de bosse et compris la supercherie. Enfin, mes jambes se mirent à répondre et je pus m’éloigner du portail et de mon agresseur. Le ton de celui-ci devint alors encore plus menaçant : il allait m’envoyer son père, qui était policier (encore un mensonge) et m’emmènerait en prison.
Croyant que tout était de ma faute, je ne dis rien à ma famille, tout en m’imaginant que j’allais mourir dans les prochaines heures, tant le choc était violent. J’avais désespérément besoin d’aide mais j’avais trop peur que s’ajoute à ce que j’avais vécu une réprimande de mes parents. En outre, ceux-ci ne s’entendaient pas (ils se séparèrent quelques années plus tard), ce qui ne rendait pas l’atmosphère familiale sécurisante pour moi.
Le lendemain, à ma surprise, j’étais encore vivant et le policier n’était pas venu. J’ai continué à vivre puis j’ai « oublié » cette agression sexuelle…une amnésie traumatique qui allait durer une trentaine d’années. C’est alors que – ayant connu plusieurs épisodes dépressifs – j’ai entamé une longue psychothérapie, au cours de laquelle la scène de l’agression est revenue à ma mémoire consciente.
Aujourd’hui, je suis âgé d’une cinquantaine d’années et, ayant effectué un long travail psychologique et spirituel concernant cette blessure profonde d’enfance, je vais mieux. Mais j’aimerais retrouver mon agresseur, dont j’ai perdu la trace, pour le confronter.
cher anonyme, merci pour votre courageux témoignage car c’est très difficile de témoigner d’une agression sexuelle pédophile. Cette abomination est tellement destructrice que les psychiatres la considèrent comme causant un état de mort psychique et aux conséquences très graves pour le développement du psychisme et de la personne des petites victimes. Je constate que c’est dans une démarche réparatrice et de reconstruction suite à des épisodes dépressifs très profonds de toute évidence liés à cet évènement et ses conséquences que ce souvenir terrible vous est revenu, peut-être même l’avez vous revécu avec le même état émotionnel que lorsque vous avez subi l’agression.
Vous souhaitez retrouver l’auteur, ce qui n’est pas facile et prescrit même avec les nouvelles lois: 30 ans après la majorité pour une agression pédophile ou incestueuse sur un mineur.
Je vous engage cependant à contacter des associations de victimes d’inceste et de pédophilie, elles vous seront d’un grand secours:
Le monde à travers un regard : organise des groupes de paroles, ateliers artistiques, forum ect…
http://lemondeatraversunregard.org/qui-sommes-nous/
** l’AIVI (Association Internationale pour les Victimes d’Inceste) site internet:
https://aivi.org/
https://www.sos-inceste-violences-sexuelles.fr/
numéro vert: 02 22 06 89 03
Association d’aide aux victimes
INAVEM : Fédération nationale des associations d’aide aux victimes
http://www.inavem.org
Réseau France victimes
http://www.france-victimes.fr/
numéro d’urgence: 116 006
N’hésitez pas à nous demander quoi que ce soit par la suite.
de tout coeur avec vous.
Affection , courage et soutien.
Cher anonyme, je vous remercie également pour votre témoignage. Il est quand même culotté d’oser parler de “policier” alors que c’est lui qui commet une infraction et un acte immonde! Mais évidemment, ce pervers manipulateur s’est attaqué à un enfant… Les parents et les adultes devraient clairement parler du consentement avec les jeunes et être plus à l’écoute. Ils souffrent beaucoup trop de ce manque de considération alors qu’ils sont les premières victimes des abus sexuels.
Que voulez vous dire par “confronter mon agresseur” ? Si vous comptez le contacter en priver, seul, je vous le déconseille fortement. Il pourrait vous détruire. Donc, ne soyez pas seul, soyez obligatoirement accompagné et entouré de professionnels, comme les associations contre l’inceste. Elles traitent aussi des cas de pédophilie, mais c’est surtout à 99% sûr que sa première victime fut sa petite soeur et sûrement d’autres membres de sa famille. En ne comptant pas les victimes hors du cercle familial. Bref, vous n’êtes clairement pas seul.
Je ne sais pas trop si cela peut vous aider, mais je vous donne les liens de Parler et de Coabuse. Ce sont des sites qui permettent de retrouver d’autres victimes, peut-être trouverez-vous certaines pouvant toujours le poursuivre en justice? Il me semble que même lorsqu’il y a prescription, vous pouvez toujours porter plainte. C’est surtout un geste symbolique.
Honnêtement, je ne comprends même pas pourquoi ce genre d’horreur n’est pas imprescriptible… Mais bon.
**L’association Parler qui permet d’accéder à des groupes de paroles, trouver un thérapeute et retrouver des victimes du porc
https://www.associationparler.com/
Notamment avec le site suisjeseule.org, voici un lien avec toute les informations dessus :
https://www.associationparler.com/copie-de-les-campagnes
** Coabuse un site qui permet de retrouver d’autres victimes du porc. Remplissez simplement le formulaire anonyme :
http://www.coabuse.fr/
Enfin, faites attention à vous car même si vous allez mieux, vous pouvez sombrer de nouveau. Si vous vous sentez mal, consultez des psy et parlez en aux associations.
Bon courage!
De tout coeur avec vous.