J’avais 18 ans. Après avoir pris ma tension, le médecin me dit devoir la prendre à la cuisse. Savais-je, à l’époque, ce qu’était la tension ? Il me fait relever ma robe et là, tout en me parlant, avec une dextérité époustouflante, glisse son doigt dans mon sexe. Quand je me lève, sidérée, hébétée, il me dit « vous êtes bien nerveuse ! »
Rentrée à la maison, je dis à mes parents que je veux aller au commissariat : je veux dénoncer cet homme. Mes parents m’en dissuadent : je voulais détruire une famille ? Que le scandale s’abatte sur lui, sa femme, ses enfants ? Et puis la police ne me croirait pas.
J’ai eu la chance, par la suite d’avoir deux amoureux patients, doux, délicats.
Mais je traîne toujours, malgré les décennies, l’idée que je ne devais pas valoir grand chose puisque la respectabilité de cet homme était plus importante que moi, que ma dignité. C’est la plus grande blessure. L’idée, aussi , de ma naïveté, ou, si j’ose me l’avouer, ma bêtise « la tension à la cuisse ! » me taraude.
J’oubliais : ce jour-là j’ai eu du sang dans ma culotte, mais je ne l’ai pas dit à ma mère.
Quand ma fille a eu 19 ans, j’ai poussé un grand soupir de soulagement .
Ce qui me rend si triste, c’est que les choses n’aient pas changé pour les jeunes femmes ou les jeunes filles…
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