j’avoue que le sujet m’interpelle. toutes les femmes auraient donc t’elle été harcelées ? Viol, chantage, droit de cuissage .. tout ça c’est inacceptable et condamnable. Je ne me sens pourtant pas anormale ni même moche, je crois même que j’étais plutôt canon et je ne me suis jamais sentie harcelée ni par des paroles déplacée dans la rue (un sourire et je passe mon chemin… car autant raisonner des idiots mal dégrossis ou des porcs en herbe, des mains aux fesses dans le métro oui ça m’est arrivée… ce n’est pas normal on est d’accord mais dans ce cas je changeais de position, bougeais ou me tournais carrément vers l’homme concernée en le regardant dans les yeux… et c’était fini.
Bref, je suis complètement d’accord que le harcèlement sexuel est inadmissible mais dans certains témoignages, se sont plus pour moi des comportements de machos idiots ou de frustrés. J’ai eu un chef qui n’avait qu’une envie, me mettre dans son lit, je lui ai gentiment fait comprendre que non et c’est même devenu un ami. Qu’en déduire ? je ne sais pas. Bizarrement je me sens coupable de ne pas me sentir harcelée par une remarque libidineuse , obscène ou déplacée en choisissant d’ignorer ou juste de sourire et de passer mon chemin… du coup je n’ai pas été insultée .. enfin je n’en ai pas le souvenir … et si ça a été le cas, cela ne m’a pas marquée…
Je plains sincèrement toutes les victimes de ces harcèlements mais pour moi il y a harcèlement et harcèlement… se faire traiter de ‘putain » par un idiot ou un porc, c’est chiant mais est ce traumatisant. Après tout c’est faux donc quelle importance si un crétin vous le balance par dépit… Bizarrement, je crains plus la réaction de celles qui liront ce message que des harceleurs de rues, frustrés, frustres, machos ou mal éduqués.. C’est quand même étrange de se sentir coupable de ne pas oser dire qu’on ne s’est jamais sentie harcelée ni blessée par ces mots.. tout simplement parce qu’il venait de gens qui ne m’intéressent pas je pense.
Bonsoir, ton témoignage est intéressant. Tu te places hors du champ victime – bourreau. Tu énonces les faits réels sans y ajouter une connotation victimaire… Mais peut être occulte tu l’émotion que cela a engendré en toi, et tu restes indifférente face aux intrusions? J’aurais envie de te demander : à partir de quand un homme manque de respect envers une femme selon toi? Comment cela se fait que tu banalises une main posée sur tes fesses par un inconnu? n’est ce pas une insulte pour toi? Quelle émotion vient en toi quand un homme inconnu transgresse et intruse ton intimité? Quelles sont tes limites? N’as tu pas vécu pareille chose dans le passé qui a fait que c’est devenu une norme chez toi de mettre la main aux fesses (on te l a fait croire?), que c’est devenu une normalité dans une rencontre homme femme?
La plupart des faits relatés dans les témoignages ici sont ou auraient pu être passibles d’une condamnation aux assises ou au pénal. La loi est claire en ce qui concerne les agressions et le harcèlement.
Certains témoignages font état d’attitude déplacées, vulgaires, obscènes qui n’entrent pas dans le cadre de la loi, mais permettent de témoigner de maltraitances dont sont victimes beaucoup de femmes au quotidien et qui ne peuvent plus être tolérées aujourd’hui. Tout le monde est d’accord là-dessus, mais il faut de temps en temps pousser un grand « coup de gueule » pour remettre les pendules à l’heure, parce que, bien sûr qu’on peut se défendre toutes seules d’une insulte ou d’une main aux fesses, mais il faut quand même rappeler de temps en temps à ces malotrus que leur conduite est incorrecte. Grâce au mouvement qui se passe aujourd’hui, une pétition est lancée par exemple pour demander une grande campagne d’information dans le métro concernant les « frotteurs », c’est une bonne chose non?
Vous dites que vous ne vous sentez pas blessée par une insulte sexiste, c’est très bien, mais pensez aux autres: par exemple, juste un exemple, une femme qui a été victime d’une agression (et c’est au moins une femme sur cinq) porte en elle la peur et une image déformée de sa féminité (répercutions de l’agression), elle ne pourra pas forcément se défendre face à une insulte ou un geste déplacé. De plus, pour une femme qui a été agressée (je rappelle au moins une sur cinq), les insultes et autres peuvent faire office de la torture de la goutte d’eau, ou peut-être plus exactement remuer le couteau dans la plaie ; ça peut devenir totalement insupportable.
Il faut savoir que l’apparence de sa proie n’a aucune importance pour un prédateur sexuel; donc peu importe le physique, la tenue vestimentaire, etc…
L’agresseur est instinctivement attiré par une personne en qui il sent une faiblesse; comme la lionne sait instinctivement à quelle antilope elle doit s’en prendre.
Pour finir, l’épisode avec votre chef.
D’abord, il ne vous a pas coincée, ou sauté dessus, en vous tenant les poignets, ou en promenant ses mains partout sur vous; il vous a juste fait une proposition (ou plusieurs, plus ou moins lourdingues). Je n’ai vu aucun témoignage ici relatant une simple proposition. Vous ne vous êtes sentie ni agressée, ni harcelée, parce que vous n’avez été ni agressée ni harcelée. Je ne vois pas où est la difficulté à devenir amie avec un homme qui ne vous a ni agressée ni harcelée.
Vous lui avez gentiment fait comprendre que vous n’étiez pas intéressée… et il n’a pas insisté. Effectivement, il n’y a pas de quoi en faire tout un plat. Dans tous les témoignages que je lis, on parle d’hommes qui apparemment ne savent pas ce que veut dire « non », et qui parfois deviennent violents, ou vous mettent au placard.
Enfin, bref, pour conclure, j’ai l’impression que nous n’avons pas lu les mêmes témoignages.
J’espère que ma réaction ne vous aura pas été trop désagréable.
La première fois que j’ai été violée – une fellation forcée, j’avais 14 ans – je ne l’ai pas mal vécu tout simplement parce que je croyais que c’était normal.
Quarante ans plus tard, j’ai compris pourquoi toutes les agressions que j’avais subies au cours de ma vie ne m’avaient pas particulièrement touchée, où du moins je le croyais : j’ai simplement été élevée dans cette idée que la femme est un objet sexuel à la disposition des hommes. Il m’a fallu une énième agression sexuelle pour déclencher un stress post traumatique nécessitant des soins pendant plusieurs années, soins qui ont abouti à une vision plus juste, plus humaine de la vie. Être élevée par un porc a des conséquences.