Je n’ai pas aidé une femme en danger
Il y a 13 ans, durant les vacances d’été, près de la gare de Melun, j’ai assisté à cette scène au loin :
2 hommes s’en prennent visiblement à une femme en lui piquant son téléphone portable. Elle criait et leur demandant de lui rendre. Un des deux mecs l’a entrainé de force dans un bâtiment, ce qui me semble être un parking, la porte s’est refermée derrière eux. Le 2ème homme reste dehors, comme s’il faisait le guet.
Ma réaction face à cette scène ?
J’ai pris violemment peur. Je me suis mise à courir lâchement pour rentrer chez moi.
J’avais 14 ans à l’époque. Pourquoi je n’ai rien fait ? Pourquoi je n’ai pas été prévenir les grandes personnes ? Pourquoi je suis restée dans le silence ?
Dans ma tête, tout était confus. Je sentais que j’avais assisté à quelque chose de grave. Je sentais qu’il était arrivé un malheur à cette femme. Et en même temps je ressentais un interdit d’en parler, un secret affreux et lourd qui me terrifiait.
J’avais déjà moi même vécu une agression sexuelle. Et j’étais restée dans le silence, il n’y avait de toute façon personne pour m’écouter. C’est comme si j’avais moi-même intégré cette loi du silence…
J’ai donc laissé cette pauvre femme en danger, je ne l’ai pas aidé… Que lui ai t-il arrivée ? Est-ce qu’il y avait d’autres hommes à l’intérieur ? L’ont-ils frappés ? L’ont-ils violée ? qu’est-elle devenue ?
La culpabilité sera toujours présente, ce que j’ai fait, ou plutôt ce que je n’ai pas fait, est impardonnable. Jamais je n’oublierai cette femme.
J’ai mis des années à “conscientiser” cela, à me rendre de ce qui s’était passé, à reconnaitre avec horreur ce que j’ai laissé faire.
Jamais plus…
Jamais plus…
Merçi de veiller sur les femmes, même de loin – et rester un être humain digne.
Vous n’aviez que 14 ans, vous n’étiez qu’une enfant.
Ce que vous avez fait n’est pas impardonnable. Cette enfant de 14 ans que vous étiez a fait ce qu’elle a pu à ce moment là de sa vie, pardonnez lui. Imaginez une scène d’agression (des agresseurs,une femme et un(e) enfant témoin) et que l’enfant témoin ce n’est pas vous, c’est quelqu’un d’autre, comme si vous regardiez un film avec des acteurs que vous ne connaissez pas. Tombez-vous sur cet(te) enfant inconnu(e) en l’agonisant de reproches? Non, sans doute pas, alors faites la même chose avec l’enfant que vous avez été.
L’important c’est qu’aujourd’hui, adulte, vous agiriez différemment.
Bonsoir, merci pour votre témoignage. Je partage complètement les autres commentaires. Vous aviez 14 ans avec un vécu d’agression, donc deux bonnes raisons de vous enfuir! Soyez compréhensif avec vous même.
Chaleureusement