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J’ai été violée par un de mes collègues

Que dire ? Que ne pas dire ? Je suis convaincue que c’est important d’en parler, qu’il faut que ça se sache, que c’est un premier pas pour que les choses bougent, que se murer dans le silence et la honte ne résoudra pas le problème de société auquel nous sommes confrontés… et pourtant, ce n’est pas facile de balancer son intimité sur la place publique, pas facile d’admettre publiquement, non plus, que ça m’est arrivé. Ça me poursuit…

C’est arrivé fin 2013, alors que j’entamais la dernière année de ma thèse. Un de mes collègues, thésard lui aussi, m’avait invitée à une séance de dégustation de bières chez lui après le boulot, avec des amis à lui, que je connaissais de vue.

Ce collègue, je croyais le connaître assez bien : on se connaissait depuis deux ans, c’était le coloc d’un de mes amis, on avait déjà fait pas mal de choses ensemble en dehors du boulot (notamment brasser de la bière, d’où la dégustation), on avait même eu une sorte d’aventure, qui s’était terminée quelques mois plus tôt. Bref, toujours est-il que je me suis rendue à ladite soirée, qu’on a dégusté des bières et mangé de la pizza, qu’ils ont transformé l’appartement en aquarium à force de fumer des joints, que je me suis d’une façon ou d’une autre retrouvée saoule comme jamais auparavant, que j’ai raté mon train et que j’ai dû loger chez lui… sauf qu’il n’avait visiblement pas l’intention de me laisser dormir tranquille.

S’en suit une série de scènes cauchemardesques ponctuée de trous noirs et de nausées. Je veux prendre une douche, il veut la prendre avec moi, je le repousse, je le chasse. Je constate qu’il m’a pris mes vêtements pendant que je prenais ma douche, je ne comprends pas comment ça a pu se passer, je cherche à les récupérer, ils sont dans sa chambre (ben tiens). Je me sens mal, je perds pied, je crois que je fais une chute de tension. Je suis sur son lit, je lui dis que je ne veux pas, je l’insulte. Il est sur moi, je continue de dire non, il m’ignore, j’essaie de le repousser avec mes jambes, mais je n’ai plus de force, lui en a beaucoup trop, je suis vaincue.. Je ne pense pas qu’il soit utile de raconter la suite, c’était très humiliant. Après avoir résisté en vain, je suis restée là, comme paralysée. J’étais sa chose, il m’utilisait à son gré. Il a terminé son office. Je lui ai dit qu’il n’aurait pas dû faire ça, que je ne voulais pas. Il m’a répondu que c’était ma faute, parce que j’étais trop sexy et que je n’avais pas assez résisté, que mes “non” voulaient dire “oui”, et il s’est endormi ! Je suis partie pendant qu’il dormait (entretemps il y avait de nouveau des trains), je suis rentrée me terrer chez moi et pleurer.
J’ai vaguement essayé d’en parler à l’un ou l’autre proche, sans grand succès. Finalement, je n’ai rien dit parce que j’avais peur de me faire évincer si près de la fin de mon doctorat. J’ai serré les dents et je me suis noyée dans le travail, pour fermer les yeux sur le fait que moralement, affectivement et psychologiquement, j’étais une ruine. Ma vie sociale n’a pas tardé à suivre.

Il m’a fallu du temps pour comprendre ce qui s’était passé, pour comprendre qu’il n’avait pas le droit. Il m’a fallu encore plus de temps (deux ans) pour mettre un mot sur ce qui s’était passé, et la patience et la confiance de mon petit-ami, qui est le premier à qui j’ai tout raconté, après une “crise” dont il avait été témoin et qui a ouvert une porte sur la discussion. C’est lui qui m’a dit que ce que je lui racontais décrivait très clairement ce que je ne voulais pas que ce soit. Alors j’ai compris, ça m’a fait très mal. Il m’a encouragée à aller consulter SOS Viol (association belge), et j’ai finalement décidé de porter plainte. J’avais peur, notamment des représailles, mais après en avoir discuté avec une amie à qui c’était arrivé et qui m’a informée de l’ampleur du phénomène en Belgique (qu’une enquête d’Amnesty international et sos viol avait révélée), je me suis dit que c’était important, même si c’était classé sans suite. Alors je l’ai fait, ça a été difficile mais soulageant.

Mon agresseur a été convoqué, mais le policier qui avait pris ma déposition avait prévenu son frère, qui était policier aussi. Mon agresseur a nié le non-consentement. Le policier qui m’a reçue pour m’annoncer la nouvelle m’a gentiment dit que si moi je l’avais vécu comme un viol, je pouvais toujours consulter sa sœur, qui était kinésiologue..

Quelques mois après avoir défendu ma thèse (deux ans après le viol, donc), j’ai retrouvé du travail dans un autre institut mais sur le même site. Après quelques semaines, on m’a déplacée dans un bureau par lequel mon agresseur devait passer pour entrer dans le sien.. c’était insupportable. Je suis allée trouver la ‘personne de confiance’ sur mon lieu de travail pour lui expliquer la situation en toute confidentialité (théoriquement) et lui demander ce qui était possible de faire. J’ai finalement pu retourner travailler dans un autre bureau, à un autre étage, mais à la fin de mon contrat, j’ai appris que le chef de service ne souhaitait pas que je sois réengagée sur le même site, malgré que mon chef de projet était très content de mon travail et de ma collaboration avec le reste de l’équipe sur place. Je n’ai jamais été réengagée.

Après quelques discussions avec le service juridique de SOS viol, j’ai consulté un avocat (pro deo parce que chômage..) pour tenter de rouvrir le dossier. Ayant pris connaissance dudit dossier et des quelques pièces supplémentaires que j’étais en mesure de lui fournir, l’avocat m’a dit qu’il y avait vraiment peu de chances pour que ça aboutisse, sans preuves ni témoin. Il est apparemment très difficile de prouver un non-consentement pour un rapport sexuel. Il a ajouté que ça allait me coûter très cher et que je risquais en plus que mon agresseur se retourne contre moi. Voilà où j’en suis, trois ans après. Psychologiquement, ça va un peu mieux, on m’a beaucoup aidée (notamment chez SOS viol, qui sont admirables), mais je crois que ma vie ne sera plus jamais pareille.

C’était mon collègue, c’était chez lui, il est belge et docteur ingénieur. Il est toujours en couple avec la petite-amie qu’il avait à l’époque, je crois qu’ils ont acheté une maison entretemps. Il est très populaire auprès de ses amis et au travail. Donc non, ce n’était pas un bandit inconnu étranger oisif et peu instruit au fond d’une ruelle sombre..

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Jécoute
Jécoute
6 années plus tôt

“j’étais une ruine. Ma vie sociale n’a pas tardé à suivre.” Un traumatisme peut en effet complètement détruire des relations futures (sociales et amicales) qui auraient pu être géniales. Le préjudice est terrible.
Que faire? Retourner dans le temps et lui casser la lampe de chevet sur la tête?
Le dire à sa petite amie et ses copains, ses parents pour lui faire la honte? Envoyer un courrier à ses collègues? Pas évident! Mais c’est injuste: on fait comment pour continuer à avancer dans la vie? …
Comme toutes les victimes tu mérites réparation pour pouvoir te reconstruire.

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lili
lili
6 années plus tôt

Balance son nom de porc. Il doit lui aussi connaitre la honte. Je doute que ce genre d’individu souffre du mal qu’ils font à part de perdre leur réputation

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Injustice dans le silence
Injustice dans le silence
6 années plus tôt

Ton humanité a été niée, ta personne a été avilie par l’intrusion dans ton corps. Lis le témoignage de violé en vacances, il décrit très bien le processus de destruction de l’âme qui peut conduire à l’irréparable. Je pense que c’est un témoignage qui, avec le tien, méritent d’être lus par toutes et tous, notamment pour les plus exposées. Balance le nom de ce porc, soit directement comme certaines le font, soit avec suffisamment d’indices pour que son entourage professionnel et personnel comprennent de qui il s’agit. C’est bien le minimum car ta vie en changée à jamais comme tu l’écris alors que lui il s’est juste servi de toi non sans t’avoir rendue ivre, comme font tous ces porcs chichonneurs et violeurs. Tu souffre alors d’une double injutice, dans le silence, c’est abominable. Soutien, et admiration pour ton courage.

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