Humiliée au bloc opératoire
J’avais 20 ans et commençais mes études de médecine. J’avais la possibilité de venir assister en observatrice à une opération de chirurgie cardiaque, une vraie consécration après l’obtention toute récente de mon concours d’entrée. Alors que je m’émerveillais de ce qui se déroulait sous mes yeux, le chirurgien m’a demandé mon prénom. Et comme il était amusant que mon prénom soit aussi le titre d’un célèbre roman pornographique du 18ème siècle (quelle aubaine), dont je n’avais pas connaissance, il s’avérait de bon ton de m’en décrire quelques scènes, ponctuées de “toi aussi tu fais ça?”. Lorsque l’anesthésiste me montrait ce qu’il allait injecter derrière le champ : “tu l’emmène où comme ça, tu vas la sodomiser?”. Rires de l’équipe infirmière. Sourire gêné et regard fuyant de l’anesthésiste. J’aimerais pouvoir raconter comment je leur ai dit à tous combien la situation était choquante, intolérable, et comment je suis sortie du bloc sans me retourner au beau milieu de l’opération. Mais je n’ai rien dit, et je suis restée durant les 5 heures d’intervention. Ce qui est le plus dingue, c’est le sentiment que tout cela était accepté par l’équipe, que tout était normal, c’est peut être ce qui m’a retenu. Oui ce que j’entends est infâme, humiliant, mais personne n’a l’air de broncher. Et moi j’étais sidérée, incapable de réagir, en voyant ce chirurgien, symbole du mentor que j’idolâtrais, me traiter comme un objet. Interne, j’ai maintenant 27 ans et beaucoup plus de confiance en moi, et même si je comprends et accueille ce qui m’a retenue ce jour là, je me promets de ne plus jamais me laisser faire.
Merci beaucoup pour votre témoignage…
C’est incroyable cette concentration de malades dans le milieu médical..
Justine ?