En tant que syndicaliste j ai eu à défendre une salariée victime de harcèlement de la part de l un de ses collègues. La jeune femme d origine algérienne s est sentie d autant plus menacée que le harceleur était de la même origine. C’était un facteur aggravant pour elle. Il s’agissait de cyberharcelement mais également d une omniprésence de ce type où qu’elle aille et quoi qu elle fasse. Elle ne pouvait plus se concentrer sur son travail. Elle n en dormait plus la nuit . Elle avait peur d’être suivie . Il l’humiliait devant ses collègues à la cantine. Sa vue était devenue un enfer . Je suis allée voir son responsable qui a fait mine de tomber des nues puis a prétendu qu’elle exagérait, faisant comprendre qu elle était aguicheuse.
La majorité de ses collègues femmes ont pris fait et cause pour ce type au motif qu il était en souffrance suite à son divorce. C était hallucinant de voir comme dans un instinct protecteur les femmes du service ont défendu ce type. 5 collègues ont pourtant témoigné par écrit contre lui relatant des tentatives de harcèlement remontant à 2 à 3 années antérieures .
Un des salariés chargé de distribuer le courrier est venu me voir sous couvert d anonymat. Le harceleur était connu dans toute la tour. Il utilisait l entreprise comme un terrain de chasse . Son emploi lui permettait d avoir accès au listing des alternant.e.s . Il chassait en toute impunité dans les étages . Des jeunes femmes s’étaient confiées à ce collègue qui distribuait le courrier .
La victime, un collègue d’un autre syndicat et moi sommes allés voir l inspection du travail. C était une femme. Elle a pris rendez-vous avec la direction immédiatement.
Nous n avons jamais eu de retour ni de l inspection du travail malgré nos relances ni de la direction qui a menée une enquête .
L inspection a dit à la jeune femme de porter plainte. J ai pris rendez-vous avec un avocat qui a accepté que la plaignante donne l’adresse de l’avocat plutôt que son adresse . Elle était terrorisée à l’idée que le harceleur puisse connaître son adresse .
Nous n’avons jamais eu de retour de cette plainte . C’était au commissariat de Puteaux .
La jeune femme était intérimaire . Je l ai engagé à prendre rendez vous avec sa société d intérim pour tout raconter . Ce qu elle a fait .
L’employeur a alors dealé avec la boîte d intérim pour rompre le contrat sans frais, sans dédommagement.
Ce faisant la responsable de la société d intérim s est confiée à la victime . Elle aussi lorsqu elle est venue négocier le contrat , un responsable lui a fait du pied sous la table et l a ensuite inondé de mails salaces .
J ai remonté tout cela à la direction générale qui n a rien fait.
J ai demandé la mise à l ordre du jour du dossier en CHSCT , cela n a jamais été traité avec la complicité d une organisation syndicale qui defendait le harceleur .
Les échanges de texto sur la messagerie d entreprise n ont pu être récupérés au motif qu il fallait cocher une case pour garder trace, ce que la jeune femme ignorait.
Quant à mes collègues du syndicat ils m ont reproché d avoir perdu trop de temps avec cette affaire » pour une intérimaire » au motif qu il n y a jamais eu de suite, pas de preuve.
Dès le début ils m’ont découragé et c’est contre eux et malgré leur hostilité que j’ai défendu cette jeune femme qui n en pouvait plus.
Elle a déposé plainte pour harcèlement sexuel alors qu elle aurait paraît il du déposer plainte pour harcèlement sexiste pour que la plainte soit recevable .
Personne ne l’en a informé.
Cette année, soit moins d’un an après les faits, le harceleur a reçu une augmentation de salaire ….
Lorsque j’ai voulu demander des explications à la direction mon syndicat a fait barrage .
Incroyable, on se croirait vraiment dans ma boite 🙁 !
Je voulais vous remercier d’avoir essayé d’aider cette intérimaire.