C’était il y a 22 ans.
Je travaillais pour quelques mois dans une grande entreprise, une banque. Lui aussi.
J’avais 18 ans, j’étais très jeune et peu sûre de moi, il avait environ 10 ans de plus, dragueur invétéré.
Je le prenais naïvement pour un ami.
Un jour il m’a invitée à une soirée d’amis à lui, étudiants en médecine.
N’ayant jamais eu l’occasion d’aller à ce genre de fête, j’étais super fière et heureuse.
J’ai précisé immédiatement que ce serait en toute amitié car j’étais secrètement amoureuse d’un autre jeune homme.
Il m’a répondu que c’était évident et que je ne lui plaisais pas de toute façon.
Je me souviens de notre arrivée sur le lieu de la soirée, de la foule, de son ami qui nous accompagnait.
Je me souviens de cette coupe de champagne qu’il m’a tendue.
Ensuite c’est très flou.
J’ai quelques flashs, il me demande une fellation, nous sommes dans sa chambre, je n’ai aucune idée de l’heure qu’il est et de comment nous sommes rentrés.
Je refuse. Je n’ai jamais fait ça, pour moi c’est un geste d’amour que je réserve à un homme qui me plaira vraiment.
Il insiste.
Je suis incapable de le repousser.
Ensuite il veut coucher avec moi, j’essaye de dire non, je ne sais pas si les mots sortent de ma bouche ou s’ils sont juste dans ma tête.
Je ferme les yeux en attendant qu’il termine, je prie pour que ça aille vite.
Je compte pour ne pas penser à ce qui se passe.
Je pleure, peut-être aussi à l’intérieur, je ne sens plus rien, j’ai l’impression de flotter dans la pièce et d’être spectatrice de cette horrible scène.
Quelques heures plus tard je dois supporter sa présence en face de moi dans le train qui nous emmène à la banque.
Je le fixe en me demandant si c’est un cauchemar ou si c’est vraiment arrivé.
Vu son regard, c’est arrivé.
Il s’appelait Julien, j’ai complètement oublié son nom de famille.
Je me suis arrangée pour ne plus jamais croiser son chemin pendant les 3 mois qu’il me restait à faire dans l’entreprise.
Julien m’a violée.
Je n’ai jamais osé en parler par honte.
Honte d’avoir accepté d’aller à cette soirée, d’avoir été si naïve, de m’être laissée faire, de ne pas avoir réagi, ni porté plainte.
J’ai occulté cette histoire longtemps mais ces oublis finissent toujours par nous revenir en mémoire, peut être quand on est davantage prête à les affronter ou juste quand on ne peut plus les ignorer parce qu’ils bloquent quelque chose dans notre vie…
Quoi que vous ayez vécu, essayez d’en parler, rapidement, à n’importe qui.
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