Femmes : trop régulièrement victimes et pas assez su

J’ai maintenant 41 ans et me sens bien dans ma vie, mais ça n’a pas été toujours le cas, loin de là.

En dehors des malheureusement très commun(e)s insultes à caractère sexuel, attouchements, exhibitionnistes, j’ai été violée à 14 ans :
Je suis de nature plutôt naïve et bienveillante. Je pars 3 semaines en colo – j’en ai fait une petite vingtaine, puis ai continué en tant qu’animatrice, j’ai toujours aimé (mais celle-là était la seule qui était très mal organisée). Je sors avec un garçon. Un soir de boum – j’adore danser et rien d’autre ne m’intéresse – il me traine dans ma chambre alors que je n’en ai pas envie, et ferme à clef. Le fait qu’il en impose (il paraissait plus vieux que son âge) ainsi que son comportement ont annihilé toutes mes tentatives de résistance. Je ne sais pas comment, je me retrouve déshabillée. Je n’ai jamais eu de relation sexuelle avant, la seule chose à laquelle j’avais consenti jusque là : toucher mes seins – ce que je n’appréciais pas d’ailleurs. Donc me voilà nue dans la chambre avec ce mec qui me force pour tout et il me fourre sa queue tout au fond de la bouche. Même 25 ans après je tremble en écrivant. J’étais entourée d’un nuage opaque, ne voyais rien, étais déconnectée de mon corps. J’essayais de survivre (oui, c’est bien l’impression que mon corps avait à ce moment-là, raide comme du bois mort, hermétique au monde extérieur, recroquevillé, meurtri, déchiré…), j’essayais de survivre donc en respirant quand je pouvais, en attendant que ce cauchemar se termine. Et oui, pendant que je mourrais à petit feu, lui prenait du plaisir, jusqu’à éjaculer dans ma bouche. Bien sur, recracher n’a pas suffi à laver l’ignominie.
Dans les jours qui ont suivi il m’a été impossible de l’approcher, il est venu me demander pourquoi… J’étais morte de trouille mais j’ai fini par réussir à me séparer de lui. Vexé, il s’est mis à imiter le geste obscène avec son doigt dans sa bouche devant tout le monde. Pour la 1ère fois de ma vie j’ai menti, et ai tout nié en bloc. La colo s’est terminée et j’ai tout oublié avec. J’ai vécu tant bien que mal.
5 ans plus tard j’entends une émission qui explique qu’une fellation forcée est bien un viol puisqu’il y a pénétration. Et là tout ressort et c’est la lente descente aux enfers. Jusqu’à avoir fait 2 tentatives de suicide.
Je finis par me prendre en main et fais une thérapie. Faut pas croire, c’est long. Très long. Mais aujourd’hui je suis bien vivante, avec 2 enfants, et oui, j’ai une vie sexuelle avec mon mari.
Ayant fait également une thérapie de groupe je me rendue compte qu’il y a des viols bien différents, et même si certains sont clairement plus horribles, tous sont terribles.
En en parlant assez facilement autour de moi, je me suis rendue compte que beaucoup de femmes ont été victimes – mais jamais aucune ne m’en a parlé en 1er, c’est uniquement suite à mon témoignage. J’espère que ce tsunami de témoignages permettra déjà une réelle prise de conscience générale car c’est un sujet tabou, même entre femmes. A partir de là le reste suivra, forcément.

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1 Commentaire

  1. Sisi

    Bonjour,

    Bravo pour ce témoignage courageux. Vous êtes forte, vous avez avancé dans votre vie, malgré qu’un viol, ça ne peut pas s’oublier.
    Ce gros porc ne restera qu’un porc toute sa vie!

    Courage!

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