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conséquences de déni de psychanalyste

Le témoignage qui suit est long. Il s’agit d’un courrier que j’ai pu enfin adresser, trente ans après, à un psychanalyste à qui j’avais relaté un viol, et dont l’attitude fut désastreuse. Voici :

Monsieur,

Merci à vous, tout d’abord, de prendre le temps de lire ce courrier jusqu’à son terme.
La diversité des chemins qu’emprunte la mémoire est considérable.
Il en est que l’on voudrait ne pas avoir eu à parcourir.
Du temps a passé, depuis ma toute première séance rue ………., à la dernière à ……….
Trente ans déjà.
Je ne sais si mon nom suffira à vous évoquer la jeune femme en désarroi qui a franchi la porte de votre cabinet.
Qui, au décours de son travail d’analyse, a vu resurgir le souvenir d’un viol survenu dix ans auparavant.
Une implosion. Déflagration du corps, de l’âme, du cœur.
Que vous n’avez pas été en mesure d’accueillir. Que vous avez rejetée. Niée.
Vous avez dit : « Fantasme ou réalité, cela revient au même ». Et tout en moi s’est disloqué.
Vous avez demandé « s’il y avait eu des témoins », et je me suis sentie sombrer.
Aucune parole de soutien, aucun signe de reconnaissance de cette trop intime et insondable douleur.
En réponse la seule négation de ce vécu traumatique. Négation de l’être.
Vous êtes resté imperturbable.
Malgré mon insistance parce qu’il s’agissait alors pour moi d’une question de vie ou de mort, vous avez, jusqu’au bout, résisté à l’écoute de ma vérité. La vérité d’un acte destructeur, mortifère.
Pendant des semaines, j’ai parcouru Paris en long et en large pour tenter de trouver de l’aide. Puis je vous ai un jour signalé que j’avais contacté le Collectif Féministe Contre le Viol, un lieu où ma parole pourrait être entendue. Vous avez répondu avec votre trop apparente placidité : « Ah, ça existe ».
Une autre fois, lorsque j’ai jeté à vos pieds le billet du paiement de ma séance, que je venais de déchirer, vous disant que : « Voilà, lorsqu’on est violée, on est en mille morceaux, et il n’y a personne pour les ramasser », vous avez répondu : «  Vous me l’avez assez fait comprendre que je ne vous ai pas aidée  ».
Finalement, je vous ai remis un autocollant du Collectif en vous disant que « ça pourrait toujours servir ». Aucune réaction de votre part.
Vous souvenez-vous ?
Vous m’avez dit que je vous « avais interpellé sur ce sujet comme personne auparavant », et j’en ai été effrayée. Je me suis demandé  : combien d’autres analysants(tes) aviez-vous déjà plongé dans une détresse pire encore ? A combien d’autres alliez-vous opposer encore, à la réalité d’un intolérable vécu, un déni dévastateur ?
En dernier lieu, vous m’aviez assuré que vous alliez réfléchir à tout cela afin de pouvoir m’en dire quelque chose, autrement. Mais lorsque je suis revenue quelques temps après vous êtes resté muet. Je vous ai donc demandé de me faire part du résultat de votre réflexion. Vous avez baissé les yeux et avez prononcé cette seule phrase : « Je n’ai rien à vous dire ».
Fin de non recevoir, donc.

Je venais tenter de sortir de cet état d’apnée psychique qui m’étouffait et me vrillait le cœur.
Paralysait tout mon être. Quelle place restait-il pour le désir, lorsque la famille et l’entourage refusaient d’entendre ? Lorsque là où je croyais trouver une vérité de soi, la prise en compte de ma parole et de ma souffrance, le même scénario m’était opposé, me faisant dangereusement frôler la folie ? Rendant inintelligible toute relecture de cet événement.
Me plongeant dans une inextricable confusion.
Il restait une envie d’en finir enfin. Il restait le suicide. On m’en a sauvé in extrémis.
Suites concrètes : cinq mois de trachéotomie, un an d’arrêt maladie. Quant aux conséquences psychiques et psychosomatiques à moyen et long terme, comment les évaluer ?

Depuis longtemps, je projetais de vous écrire. Mais les mots me semblaient insuffisants pour exprimer la colère, l’incompréhension et la nausée que le souvenir de votre attitude faisait naître en moi.
Je ne sais, et ne saurai jamais, à quelles résonances en vous mes paroles auront fait écho, pour que je me retrouve si violemment confrontée à vos réticences, à votre si excessive résistance à entendre. Vous seul pouvez le savoir, si vous l’avez jamais su.
J’ai seulement osé espérer, plus tard que mon insistance aurait fait bouger, ne serait-ce qu’un peu, les lignes de votre rigidité au sujet de ce que j’évoquais. Je ne puis m’empêcher de penser que vous vous êtes protégé de vous-même. Qu’une base théorique vous y aura par ailleurs aidé. A mon détriment. J’ai payé cher, et je paye encore, vos inaptitudes d’alors.
Ce fut pour moi désastreux.
Ne vous y trompez pas, sachez bien que je fais la part des choses. Vous n’êtes certes pas responsable de mon vécu intrafamilial, du viol subi à vingt ans, des méandres de ma vie avant que je ne vienne consulter chez vous.
Mais dans cette position d’analyste que vous avez eue, vous avez grandement, et gravement contribué aux déséquilibres qui ont suivi.
Vous avez, dans un acharnement apparemment tranquille et en toute inconscience, fait œuvre de destruction.
Ce fut comme un deuxième viol, qui lui non plus n’a pas été un fantasme.

Si un matin, dans votre salle de bains, après avoir lu ces quelques lignes dans leur intégralité, un point d’interrogation s’interpose entre vous et votre image dans le miroir, ne l’ignorez pas. Puissiez-vous repenser alors à ce qu’elles vous auront exprimé.

Sans doute cette lettre, en cette période de fêtes, ne sera pas un cadeau très heureux pour vous.
Pour moi, elle est une part d’un présent que la femme d’aujourd’hui soixante ans désire offrir à la jeune femme que je fus autrefois : un présent de repos et avant tout de re-connaissance.

Salutations.

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Loulou
Loulou
5 années plus tôt

Implacable constat, j’espère que ce psychiatre incompétent sait lire, je doute que ces souvenirs l’accablent hélas mais d’autres peut-être en tireront réflexion. Honte aux professionnels de ce style. Courage, toute ma compréhension.

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psionic
5 années plus tôt

Chère amie, votre récit relaté dans cette lettre est déchirant. Je n’ose imaginer votre détresse devant le mur du déni dans le dernier endroit où l’on pense être toujours écoutée quand on est en grande détresse: son analyste. La suite est abominable, et il est clair qu’il a commis un grave faute professionnelle en négligeant à ce point votre souffrance psychique et morale. Une telle légèreté face à votre souffrance est proprement criminel: pour preuve, vous avez failli commettre l’irréparable et vous souffrez encore aujourd’hui dans votre corps et votre âme. Je pense comprendre de quelle école il était, et cela ne m’étonne pas vraiment, hélas. C’est une étape symbolique très importante pour vous que de lui adresser cette lettre. Je vous adresse toute mon affection, courage et soutien.

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lumineuse
lumineuse
5 années plus tôt

Bravo pour votre courage et votre force qui vous a permis d’en arriver aujourd’hui à ce que vous etes…il n’est jamais trop tard pour vous soulager en lui adressant à celui qui vous a retiré une partie de votre vie’ votre indifference….votre colere…je vous comprends car moi même en procédures au conseil disciplinaire de l’ordre des médecins et une enquête préliminaire est en cours…ça fait plus de 10 mois et ce médecin/ psychothérapeute exerce toujours sans nouvelles des juridictions….les conséquences sur ma vie sont aussi tramatiques..je résiste mais jusqu’à quand…je lui ai donné aussi toute ma confiance en tant que patiente et vulnérable, il a abusé de ma faiblesse sans que je me rende compte…il m’a brisé au lieu de m’accompagner à un moment de ma vie ou j’en avais plus besoin…il minimise les faits alors que ses paroles, ses actes de viol ont été portés sur mon intégrité physique et psychologique sur plusieurs mois….il est tellement facile pour un médecin de la santé mentale de se cacher derrière son statut, sa position de supériorité ayant toute conscience de ce qu’il faisait…car qui croirait encore de nos jours que ces atrocités puissent encore exister même les autorités laissent ce médecin encore exercer..la présomption d’innocence!!je pense aux patients d’aujourd’hui dans l’ignorance…comment peut il encore soigner des personnes en souffrance psychologique alors que lui même a effectué des violences sur moi même..quel message peut il leur faire passer….persister vers votre propre chemin de résilience, vous allez y arriver…je vous accompagne moi même concernée mais il est vrai que c’est très difficile…courage a vous..

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