Consentante ou pas
J’habite avec mon compagnon depuis quelque temps. L’autre soir, étant au téléphone avec ma mère, j’ai bu. Lui non. Nous avons eu un rapport sexuel. J’étais consentante, j’en avais envie. Mais après ça, je commençais à somnoler sur le canapé, toujours nue. J’ai sentie qu’il me mettait à quatre pattes pour recommencer. Je l’entendais me dire “si tu veux que j’arrête, dis le”. Mais j’étais incapable de dire quoi que ce soit. Je pense que je ne réalisais pas ce qui se passait, j’avais vraiment confiance en lui, je ne pensais pas qu’il le ferait. Au bout de quelques allers-retours, il s’est enlevé et a dit “j’arrête, je vois bien que tu n’as pas envie”.
Depuis je ne sais plus quoi penser. Je ne sais pas si ce que j’ai vécu était un abus sexuel ou non. J’étais en capacité de dire stop et je ne l’ai pas fait. Comme si je voulais voir jusqu’où il serait capable d’aller. Depuis il ne cesse de s’excuser. Je ne sais plus quoi penser
A mes yeux, ce n’était pas un viol, il t’a donné l’occasion de lui dire que tu ne voulais pas et il a même arrêté car il a vu que tu n’avais pas envie.
Ce qu’il s’est passé est juste un malentendu, cet homme te respecte et fais attention à toi, tu ne devrais pas le quitter à cause de ça.
Bonjour,
Tout d’abord merci beaucoup pour votre témoignage.
Le viol est défini comme « tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, ou tout acte bucco-génital commis sur la personne d’autrui ou sur la personne de l’auteur par violence, contrainte, menace ou surprise est un viol », et est puni de quinze ans de réclusion criminelle (c’est plus s’il y a une ou plusieurs circonstances aggravantes). Il est tout à fait normal de ne pas savoir quoi penser ou quoi ressentir, rassurez-vous ! Le problème qu’on note ici est clairement le consentement. Ça ne fonctionne pas ainsi (commencer l’acte, et dire que s’il doit arrêter il faut le signaler), il faut d’abord demander et ensuite agir, si les deux personnes sont en état de consentir et consentent. Vous aviez bu, ce qui vous rend bien plus fragile et, en fonction de votre niveau d’alcoolémie, incapable de donner un consentement éclairé. Cela reste donc un viol, même s’il a fini par s’arrêter lorsqu’il s’est bien rendu compte que vous n’en aviez pas envie (c’est déjà bien, mais la situation reste non acceptable). C’est déjà un bon signe qu’il reconnaisse son erreur et s’excuse, mais le mieux est qu’il puisse comprendre comment agir à l’avenir (rien de mieux pour cela qu’exploiter et énoncer les choses explicitement et calmement). Je pense que lui en parler clairement pourrait être une bonne idée, que ce soit pour lui comme pour vous. Cela pourrait notamment vous permettre de vous rendre compte de ce que vous en pensez, et en quelque sorte vous en libérer. Écoutez ce que vous ressentez et n’hésitez pas à parler, bon courage et bonne continuation 🙂