C’etait un si gentil garçon – Erasmus

On m’a raconté.
J’ai une amie. On se dit tout. On est en étude Erasmus. Un soir elle va à une fête. Je lui souhaite de bien s’amuser.
Elle revient le lendemain. Je lui demande si ça va. « Je crois qu’on m’a violée ».
Elle raconte. La fête se termine, il est tard. Un gentil garçon lui propose de dormir chez lui plutôt que de prendre le taxi. Elle accepte. Elle dort en sous-vêtements. Le matin elle se lève, le gentil garçon lui roule une pelle. Surprise et curieuse, elle laisse faire. Le gentil garçon met alors la main dans sa culotte et… « mais qu’est-ce qu’ils ont les hommes à vouloir nous tripoter le clitoris?! ». Elle ne veut pas mais elle est sidérée. Elle dit « non » mais il entend « oui ». Ce n’est que lorsqu’elle pleure qu’il retire sa main.
Elle se sent alors comme un papillon de nuit: terrifiée. En sous-vêtements, elle tente de s’enfuir. Mais où? Par réflexe, faute de mieux, elle se réfugie dans les bras de son agresseur qui lui dit « ce n’est pas grave ». Puis elle prend le bus pour rentrer à la cité U.
Et c’est comme cela que je récupère mon amie. Qui culpabilise: « ma faute » « pas du accepter de dormir chez lui » « pas du dormir en sous vêtements » « pas du accepter ce baiser ». Sans réfléchir un seul instant qu’un homme responsable lui aurait demandé si ça allait. Si elle avait envie de plus.
Je lui explique: ce n’est pas sa faute. C’est lui. Dans le pays où nous sommes, il risque même la prison. Elle ne veut pas. Je lui dis au moins de lui écrire son ressentit, qu’il a fait quelque chose de mal. Ca lui fera du bien à elle. Lui estimera « qu’il n’a rien fait de mal et qu’elle a eu ce qu’elle a voulu ».
Moi je me souviens de mon amie qui était si forte et qui redevient si faible. Que je soutiens à bout de bras. Que je force à manger car un épisode passé l’avait déjà poussé à l’anorexie.
Je me souviens d’une amie commune qui ne comprenait pas les « caprices » de notre amie. A qui j’ai du expliquer les détails. Pour qu’elle comprenne.
Je me souviens de ma rage à l’égard de ce garçon. Ma colère totale. Je sais comment cet épisode a aussi modifié ma vie.
Je me souviens des professeurs qui ne comprenaient pas que je sois en retard, à qui j’ai du raconter des mensonges. Parce que mon retard dans ma thèse c’était que j’aidais une amie à ne pas mourir. Amie qui serait morte de honte si on l’avait désigné comme victime.

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