Ce n’est pas moi la coupable

Vous pourrez me dire que j’ai été naïve et imprudente, je l’admets. J’étais jeune, inconsciente, et traversais une période de dépression. L’homme dont il sera question ici a abusé de ma faiblesse pour assouvir ses envies sexuelles.

Je ne veux plus qu’on me culpabilise, qu’on me dise « tu l’as cherché », comme si mon comportement justifiait ce que cet homme a fait.

Je me lance : c’est un homme. Il est sdf, bien plus âgé que moi, et souffre d’un handicap physique. Il est laid, sale et sent extrêmement mauvais. J’ai alors 17 ans. Je le croise régulièrement et il me fait pitié. Je prends sur moi pour supporter l’odeur et discuter un peu avec lui, juste parce qu’il me fait de la peine…
Un jour, nous allons dans un parc, en pleine journée. Je bois, pas lui. C’est lui qui a voulu acheter une bouteille. Il m’incite à boire, mais je ne m’en rendrai compte que bien plus tard. Il plaisante, parle de tout et de rien.
Je ne me rends absolument pas compte de ce qui se trame.

Coma éthylique. Et l’homme me déshabille et me caresse le sexe.

Je reprends mes esprits à l’hôpital, où on m’explique ce qui s’est passé. Je passe les examens nécessaires.
Un professionnel, une femme, ne trouvera rien d’autre à me dire après ces faits traumatisants, que je n’aurais pas dû boire. Que je n’aurais pas du me rendre dans ce parc, qui était mal fréquenté (ce que j’ignorais). Que je l’avais cherché.
J’espère que cette femme n’aura jamais à faire face à quelqu’un qui lui tient ce type de propos si un jour elle-même, sa fille ou sa sœur vit une chose comparable. Ce discours est destructeur.

Oui j’ai eu tord de boire et de faire confiance. Mais non, je ne suis pas coupable.

S’en est suivie une période compliquée pour moi qui sombrait déjà dans la dépression avant les faits. Il m’a fallut prendre des traitements préventifs : la trithérapie, car nous ne savions pas alors jusqu’à quel point l’homme avait abusé de mon corps. Je l’ai très mal supporté.

J’ai porté plainte. L’homme était déjà connu pour, entre autres, exhibitionnisme. Il a été condamné, mais ce fut une peine bien légère…

Je témoigne ici pour apporter ma pierre à l’édifice. Pour dire aux victimes de cas semblables, qu’elles ne sont pas coupables. Elles ne sont pas coupables, qu’elles aient été vêtues légèrement, qu’elles aient été seules dehors à une heure tardive, qu’elles n’aient pas osé se battre lors de l’agression, ou qu’elles aient bu plus que de raison.
Ce message est aussi adressé aux agresseurs, ainsi qu’aux autres.

Je balance ce « porc », pour que la parole se libère, que les gens prennent conscience de la violence vécue par les femmes, qu’on arrête de minimiser les faits, et qu’on avance ensemble, hommes et femmes, dans la bonne direction.

Veuillez remplir les champs obligatoires



15 Commentaires

  1. JeNeSuisPasVotreCochonne

    Une précision : l’homme était presque sur moi, alors que j’étais allongée dans l’herbe, inconsciente, à moitié nue.
    Sans doute aurait-il eu une relation sexuelle avec ce corps inanimé, s’il l’avait pu.
    Comme c’est malsain. Moi qui avait pitié de lui…Je n’ai plus que du mépris.

  2. gael

    Je peux t’assurer que tu es sacrément imprudente pour boire comme cela…

    • JeNeSuisPasVotreCochonne

      gael, je te signale que tu es en train de me dire ce que j’ai moi-même reconnu dans mon témoignage. Était-ce vraiment utile ?

      • gael

        Je ne veux pas te culpabiliser. Peut-être que moi-même je suis exagérément trop prudent mais les boissons alcoolisées n’ont toujours fait peur bien que j’en boive de temps en temps. Enfants je me rappelle avoir vu des hommes saouls marchant sur le trottoir alors que j’étais avec ma mère, autrefois l’homme saoul était un spectacle assez courant. Ma mère avait peur et je tremblais et à chaque fois nous traversions la rue. Et moi je pensais, plus tard je ne voudrai pas être un homme comme cela.
        A peu près vers cette époque mon père connaissait aussi un restaurateur, bar-restaurant qu’il fréquentait de temps en temps, une fois un client saoul a donné un coup de poing dans la vitre de la prote, total hémorragie, artère sectionnée, ambulance etc… il va s’en dire que l’alcool m’a fait encore plus peur.
        A la maison nous ne buvions jamais de vin ni autre alcool sauf le dimanche où j’avais droit à une petite larme de bon vin, histoire de connaître le goût mais toujours avec la notion de connaître le danger de ce que représentait l’excès.
        Pourtant une fois j’ai voulu en savoir plus, vers 22 ans au cours d’un repas après une rencontre sportive, entre « potes », alors que d’autres descendaient les bouteilles, j’ai bu un verre et pas plus, d’un mauvais vin à 10°. J’ai tout de suite compris que cela n’allait pas (et je peux t’assurer qu’il n’y avait aucune drogue dedans car directement de la bouteille versée par le restaurateur à mon verre). Mon niveau de peur s’est amplifié, j’avais peur de tout, des autos, de comment traverser la route, de la mauvaise estimation des distances et du temps. J’ai même eu l’imprudence quelques heurs plus tard de prendre la voiture, pensant que j’avais un taux d’alcoolémie acceptable bien que mon niveau de peur n’avait pas beaucoup diminuée. Je me rappelle avoir fait attention de prendre les routes par derrière là où il y a peu de circulation, c’était la nuit, de m’arrêter au feu vert, j’étais seul, d’attendre que le feu passe au rouge puis revienne au vert pour passer le croisement tellement que j’avais peur de ne pas avoir le temps de passer, de mésestimer les durée. Finalement je suis arrivé entier à la maison mais j’avais eu une bonne leçon.
        En conclusion, je comprends que des fois on veuille connaître ses limites surtout pour une chose aussi culturelle que l’alcool ou le vin dans la société française, mais il faut rester prudent. Bien sûr tu pourras me rétorquer que cette fois-là ma prudence était un peu courte mais je ne suis pas allé jusqu’à descendre une bouteille…

    • JeNeSuisPasVotreCochonne

      Je cite : « Vous pourrez me dire que j’ai été naïve et imprudente, je l’admets. J’étais jeune, inconsciente, et traversais une période de dépression » et « Oui j’ai eu tord de boire et de faire confiance. Mais non, je ne suis pas coupable. »
      Et je ne suis pas imprudente, j’étais imprudente.

      • gael

        Je n’ai jamais dit que tu étais coupable, tu as été très imprudente et surtout ne recommence pas un coup semblable même sous une autre forme. Reste toujours vigilante.
        Rappelle-toi que dans la nature les animaux imprudents sont ceux qui se font dévorer et là il n’y a pas de justice pour eux…
        Et une fois que le mal est fait, hélas, il est fait…
        Comme petit mot d’espoir, je te dirai que plus jamais tu ne tomberas dans un piège.

  3. nanou

    Je te confirme que tu n’est pas coupable. tu as juste voulu ne pas passé comme la plupart des gens devant ce sdf avec dédain. mais même chez les sdf il y a des porcs ! courage , il y a des gens très bien

    • JeNeSuisPasVotreCochonne

      Merci beaucoup pour le soutien nanou. Tes mots me touchent.
      Dans ma tête de gamine naïve , je pensais que montrer de la sollicitude pour cet homme désœuvré (malgré le dégoût qu’il m’inspirait) et discuter un moment avec, lui serait agréable.
      que ça lui permettrait d’oublier un peu sa situation.
      Mais la seule chose qu’il a vraiment trouvé agréable, c’est de profiter de cette situation. Profiter de l’inconscience de mon jeune âge, de la faiblesse engendrée par ma dépression, et des conduites à risques qui en découlaient, pour poser ses doigts sales sur mon corps nu.
      Moi qui essayait de passer au-dessus de mon dégoût…

      L’apprentissage ne se fit pas en douceur. Mais j’en ai tiré des leçons.
      Et si ma confiance est difficile à obtenir, je sais cependant que le monde n’est pas peuplé que de porcs, Dieu merci !

  4. nanou

    TU N’EST PAS RESPONSABLE ? LOIN DE LA !

  5. Chut

    S’il te plaît, ne te sens pas capable, c’est lui qui est un vieux cochon. Moi aussi, j’ai vécu une histoire semblable à la tienne sauf que j’avais 22 ans :(, je n’ai pas fait attention, j’ai bu 5 bières en l’espace de 5h et partager un joint avec mon agresseur. Il était aussi malpropre, laid, maigre, plus vieux que moi de 13 ans, puant à cause de la cigarette. Je n’ai pas réussi à me défendre et il m’a fait des choses que je ne souhaitais pas. J’ai honte et on m’a reproché des choses comme quoi j’aurais dû me méfier de ce genre de gars. Fais-toi confiance et je dis que tu es courageuse 🙂 prend soin de toi

    • JeNeSuisPasVotreCochonne

      Merci beaucoup pour le soutien et ton témoignage.
      C’est gentil et ça fait du bien, car je ne parle jamais de cette histoire.
      Ces porcs ne méritent que du mépris, pas qu’on se détruise pour eux.
      Je te renvoie la balle, courage à toi, et j’espère que tu trouveras le bonheur :o)

  6. Chut

    Moi aussi, je ne parle presque jamais de cette histoire, car les gens qui n’ont pas vécu cela ne peuvent comprendre cette souffrance. Mais oui je commence petit à petit à être heureuse, il faut se tenir avec des gens positifs, ils sont rares mais faut pas se décourager. 🙂

  7. ilopxr

    J’ai eu la même histoire, mais ce n’était pas un sdf, quoique, possible.
    Ce n’est pas une question d’imprudence, c’est une question de naïveté de croire que tous les gens sont gentils.
    Tu es tout simplement gentille.
    Moi aussi, il m’a faite boire et j’ai accepté.
    Je ne suis pas fautive pour autant.
    Et toi non plus.
    Courage ma belle

  8. Essobarac

    Vous nêtes coupable de rien, c’est lui le fautif. Pour tous ceux qui reçoivent le témoignage de cette femme, Il ne faut en aucun cas perpétuer la culture du viol. C’est une dure leçon mais ce qui ne détruit pas rend plus fort.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *