C’était le 21 juin 2010. Depuis, je n’ai jamais remis les pieds à la fête de la musique.
Ironie du sort, je venais à peine de sortir d’une hospitalisation. J’avais 16 ans, et ma vie avait déjà été bien détruite (#porc de mon enfance, peut-être que tu auras le droit à un autre chapitre de cette histoire). Mes potes avaient décidé de me changer les idées en m’emmenant à la fête de la musique de notre belle ville de Lyon. La soirée se passait super bien et on profitait tranquillement dans la foule qui s’était pressée sur les berges du Rhône. J’étais avec le meilleur pote de mon copain de l’époque et deux mecs parlaient avec nous. Mon pote est partie pissé.
Après tout devient flou dans mon esprit. Je me souviens des deux garçons qui devait avoir à peu près le même âge que moi. Je me souviens que l’un me regardait en rigolant pendant que son pote « s’occupait de moi ». Puis je me souviens de cette voix » QU’EST-CE QUE VOUS FAITES ? »
Une femme s’était penchée par dessus la barrière au-dessus de nous. J’étais là, allongée par terre et je n’arrivais pas à bouger. Je n’arrivais pas à parler. Je sentais le froid passé sur tout mon corps, ma combinaison était sur mes chevilles et ma culotte à moitié enlevée. Je me souviens avoir mis un certain temps à comprendre. Les deux mecs s’étaient déjà barrés en courant.
J’étais dans une piscine. Enfin, sur le bord d’une piscine. La piscine du Rhône pour les connaisseurs. Je me souviens que mon esprit était totalement déconnecté, réflexe que j’avais depuis toute petite. En reprenant mes esprits, j’ai dû trouver une issue. Comment est-ce que j’avais pu atterrir ici ? J’ai escaladé la barrière et je suis tombée de l’autre côté dans la haie qui est censé protéger l’accès. La meuf qui avait crié était partie. Je n’avais pas de portable, pas de sac, rien. J’ai marché, marché. Les gens ne me regardaient même pas. Après tout, c’était la fête de la musique ?
Je marchais sur le quai et j’ai entendu quelqu’un hurler mon nom. C’était deux filles de mon lycée que je connaissais du vue. Je suis tombée dans leur bras. Plus tard, elles ont dit à la police qu’elle m’avait retrouver en train d’errer dans la rue en soutien-gorge. Elle m’ont ramené dans les bras de mon meilleur ami.
Vous pensez peut-être que l’histoire se finit là, mais pas entièrement.
Car il y a l’après. Le médecin légiste qui examine chaque recoin de mon corps à 4h, ma mère qui pleure, les prises de sang qui n’en finissent pas, ma mère qui pleure encore, les questions de la police. Le « excusez-nous madame, mais votre fille n’est qu’une parmi beaucoup qui se feront violée ce soir ».
L’après c’est aussi ne plus pouvoir bouger. Quand j’ai enfin pu rentrer chez moi, je me suis mise dans mon lit, et je ne pouvais plus bouger. Je pensais que dans ce genre de cas « une fille normale » aurait jeté ses vêtements à la poubelle et se serait désinfectée tout le corps. Mais je ne pouvais pas bouger. Je suis resté dans les mêmes vêtements que ces mecs avait souillés à regarder le plafond.
J’ai dû les enlever quand mon frère qui était revenu d’urgence de Paris m’a dit que la police en aurait besoin pour essayer de trouver des traces d’ADN. Puis je me suis lavée et il m’a emmené voir d’autres policiers. J’ai dû raconter une nouvelle fois mon histoire, devant une caméra. Ils m’ont pris en photo, ils m’ont fait regarder un fichier, puis plus rien. Ils ont juste donné ma déposition à ma mère qui gardera pour toujours cette histoire dans son esprit.
Après ça, j’ai pris pendant quelques temps un traitement préventif au cas où ces connards m’auraient refilé le SIDA.
Puis tout a commencé à se tasser et les gens on finit par « oublier ». Pas moi.
C’est la fête des porcs à bite de hyène. Plus rien à voir avec la musique ou la convivialité qui n’a jamais existé d’ailleurs car j’ai connu cela dès le début en 1981. Un immondice de porcs, chichonneurs, glands, prostitueurs, connards, fangodomites, alcoolosophes, artisticules, trouducs, cons fauchés ou friqués, pornocouillons, rats de cabines de sex shop pleines de foutre, alcoolosophes à deux centimes, ivrognes de calibre 8.6, de la merdaille quoi… Je dois plus y aller depuis 1998 je crois ? Enfin, on s’en fout, c’est la fête de la connerie: la preuve tu t’y fais violer et tout le monde s’en branle, sauf la nana qui se tire tout de même !
Mon commentaire pour te dire tout mon soutien et te conseiller de lire deux autres commentaires:
viol en vacance
et
1980 viol collectif au 15 place saint honoré AIX
Ils sont marrants, cela se tasse ? Où se croient-ils ? Tu t’es juste égratignée ? Qu’ils peuvent être cons. Ta personne a été niée, ta féminité a été bafouée, ce qui fonde ton identité de femme adolescente en plus, le pire moment pour une femme, quand on devient femme justement, c’est un crime abominable. ton humanité a été niée, toi une toute jeune femme, pleine de joie de vivre, ces pourceaux sont immondes.
Une indication dans ton récit: tu as des oublis, tu écris avoir des absences où tu réémerge par un stimui externe, ici la voix de femme. C’est peut-être le signe d’une maltraitance inouïe lorsque tu étais enfant. Les enfants faces aux agressions sexuelles ne peuvent tout simplement pas les supporter, alors leur cerveau et leur âme zappent tout: la mémoire de court terme n’est pas passées dans la mémoire de long terme. Alors un condensé d’état émotionnel et de l’évènement reste enregistré mais t’ai inaccessible. Dans ce viol par ces deux petites bites de chien, tu t’es retrouvée dans la situation que tu as zappée, peut-être comme quand tu étais toute petite (j’espère que non pour toi mais c’est possible), voilà pourquoi tu émergé comme cela quand la nana a crié.
Va consulter, et reste vigilante car des états émotionnels pas cool peuvent ressortir avec une violence inouïe. C’est ce qui est arrivé à l’infortunée Flavie Flamand. Lis son bouquin, si tu en as la force, mais laisse tomber si cela te secoues trop.
Souviens toi, ton humanité a été niée: certaines ne sortent jamais.
Tout mon soutien, et pas de pitié pour les pines de hyènes.
Tu es la vie, ils sont la mort.
Salut à toi !