Attouchements par un vieux dans un bois

Je suis un homme de 25 ans. Je devais avoir 8-10 ans. A côté de chez moi, à 50 mètres, il y avait un petit bois ou j’allais courir tous les dimanches, m’amuser tout seul sans aucune appréhension.
Le chemin commençait par des sortes de marches assez raides puis une petite côte en gros c’était des plateaux successifs, ce qui fait qu’on ne voyait pas forcément ce qui s’y passait avant d’y être arrivé.

Après avoir monté les marches ce dimanche, il devait être 10-11h, je croise un homme sur la petite cote. Il est en vélo, les cheveux blancs, des lunettes, je dirais facile 65-70 ans. L’age d’être mon grand père en tout cas.
Il me voit, s’arrête net, et fait demi-tour vers le haut de la côte, hors de vue.
Étrange, mais je continue. Puis arrivé en haut de la cote, je le revois.
Il avait posé son vélo et s’avançait vers moi, le pantalon baissé.
Tétanisé, je reste immobile, et je me souviens parfaitement de ce que j’ai pensé à ce moment là.
« Tiens, il va surement me demander ou sont les toilettes ». Dans un bois…

Mon cerveau avait tellement besoin de ne pas voir la réalité en face qu’il se serait agrippé à n’importe quelle explication, aussi folle soit-elle.
Il agrippe la main avec force et la pose sur son sexe en balançant un truc du genre : « tiens, ça te plait de toucher mon zizi hein… »

Je suis en off pendant quelques secondes, puis je me reprend. Le gars serrait fort mon poignet, mais je commence à le baratiner en lui disant que « ma mère m’attend, qu’elle va s’inquiéter si je rentre pas ». Et pendant ce temps là, j’enlève ses doigts un par un. Lui reste comme un con à me regarder sans rien faire, comme hypnotisé.

Dès que j’ai réussi à lui faire lâcher prise, je tape un sprint comme jamais j’en ai tapé, et le vieux coure vers son vélo dans l’autre sens.
En voyant mon visage, ma mère n’a pas eu besoin de poser trop de questions pour comprendre qu’il s’était passé un truc grave, on a filé direct au commissariat.
Je vous raconte pas comme c’est dur de devoir tout raconter alors que ça vient de se passer, et qu’on a 8-10 ans.
Évidemment on ne l’a jamais retrouvé, et j’ai pas voulu aller faire des séances de reconnaissance derrière des glaces sans tain.

Je n’ai pas pu sortir pendant quelques temps, et j’étais pris de panique quand on marchait dans une rue déserte.
C’est pas vraiment un viol, mais ça a été dur pendant 6 mois après. Pas plus.
J’ai aucun mal à en parler, et c’est parce que j’ai jamais eu à le cacher, et que mes parents m’ont bien fait comprendre que je n’avais pas à en avoir honte, que ce n’était pas de ma faute.
La seule chose pour laquelle je m’en voulais, c’est de pas avoir eu le courage (ou la rage) de lui mettre un bon coup de pied là où vous savez et de lui refaire le portrait.
Je me trouvais lâche, même si on me disait que d’autres enfants se seraient laissés faire, et que ça aurait pu être pire.

Je n’en ai aucun séquelle, et je ne poste pas ce témoignage pour me faire plaindre ou autre chose.
C’est juste pour montrer que quelque chose comme ça (qui est bien moins grave qu’un viol j’en ai conscience) ne vous brise pas, si vous avez des gens à qui en parler, et que vous l’évacuez rapidement.
Mais il faut en parler, et il faut absolument l’évacuer.

Hugo

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3 Commentaires

  1. Petite merveille

    Merci Hugo pour ton témoignage. Dans le groupe de paroles auquel je suis allée pour parler de mon inceste avec d’autres victimes, j’ai découvert qu’il y avait aussi des garçons. Ils étaient minoritaires par rapport aux filles dans ce groupe là mais leurs souffrances n’en était pas moindre. Ils ont été victimes d’hommes et de femmes pervers. Je m’imaginais bêtement qu’il n’y avait que les petites filles qui pouvaient être concernées et que les hommes de part leur sexe ne pouvaient être qu’agresseur. J’admire le courage des garçons qui osent aussi prendre la parole surtout dans une société machiste qui a une image toute faite et prête à l’emploi pour l’homme. Et je suis d’avis avec toi que si un enfant ou une personne est écoutée, soutenue et bien prise en charge, elle peut s’en sortir. Perso, c moi qui ai du me prendre en main et faire je ne sais combien de thérapies et de démarches pour m’en sortir et ne plus vouloir me foutre en l’air. Personne ne devrait à avoir vivre cela.

  2. gael

    Tu as eu raison de te tailler, au moins cela a marché. Si tu avais enclenché une bagarre on ne sait pas si l’issue aurait été en ta faveur et peut-être que tu ne serais pas là pour apporter ton témoignage. Courage et pardonne-toi de tout ce que tu crois que tu aurais pu faire parce qu’aujourd’hui l’essentiel c’est que tu sois là.

  3. Simon

    Merci pour ce témoignage Hugo,
    Je salue votre geste et me permets de vous dire qu’à 8 ans un petit garçon n’est pas préparé à faire face à un acte aussi vicieux. Vous avez été assez malin pour comprendre que quelque chose clochait, vous défaire et vous enfuir, c’était la meilleure stratégie pour votre sécurité n’en doutez surtout pas, vous avez bien réagi.
    Je comprends votre envie de justice et elle est partagée. Faites de votre mieux pour préserver vos enfants à votre tour, au cas où…
    Cordialement, Simon.

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