Bonjour,
je devais aller en cours et je suis restée cloîtré chez moi. En ce moment je n’arrête pas de repenser à ce que m’a fait mon cousin. ça fait plusieurs mois que c’est dans ma tête presque tous les jours alors que c’était censé être “du passé”, j’avais réussi à oublier ça
alors je me dis que l’écrire me ferait peut-être du bien.
ça a commencé assez tôt. je devais avoir entre 9 et 10 ans. on passait toutes nos vacances avec mes cousins, on les voyait régulièrement.
la première fois qu’il m’a touché, j’étais en culotte-teeshirt, sortant de la douche et je me suis assise sur la balançoire, il m’a touché les fesses, devant mes cousines et mon frère et mon cousin a fait une blague sur ça. Je me rappelle très bien que c’était bref, très court, mais que j’ai senti que ça n’allait pas. J’avais honte. vraiment j’ai eu honte, je me suis tue. Mais après il a commencé à me toucher. souvent. je devais avoir aux alentours de 12 ans quand c’est devenu fréquent. Une fois il m’a plaqué sur un lit et me touchait, embrassait mon corps. (au fur et à mesure que j’écris, je me rappelle de mieux en mieux) il a touché mon sexe, et le “peu de seins” que j’avais. Les autres savaient : il disait que c’était qu’un jeu. Je me souviens de ses mains et surtout de ma cousine qui a dit “vous allez trop loin dans votre jeu”, comme si j’en étais responsable. je me suis sentie mal. responsable. sale. souillée. je me taisais car j’avais honte de ce que je faisais alors que je faisais tout pour me débattre mais il se plaquait contre moi, il attrapait mes poignets. il a continué. longtemps. je me rappelle une nuit ou on a dormi “tous ensemble”. je me suis réveillée (à moins que je l’étais déjà, je sais plus) par sa main qui caressait ma cuisse et qui remontait vers mon sexe. je m’étais mise à plat ventre pour pas qu’il touche “mes seins” mais ça ne l’empêchait pas de toucher ailleurs. encore une fois, ses mains sont passées sous mes vêtements. ça été très long. honnêtement, j’ai l’impression que ça a duré quasiment toute la nuit. je ne disais rien, il croyait que je dormais. je faisais semblant de me réveiller des fois pour qu’il arrête mais il reprenait peu de temps après. Je me rappelle aussi d’une fois : mon but était de JAMAIS me retrouver seule avec lui. une fois j’ai réussi. (parce qu’en grandissant il ne le faisait plus devant les autres..) je me rappelle ce sentiment de soulagement, de bonheur. ma mère est venue me chercher, je suis allée chercher mes affaires pour partir et la il me croise. ça a duré si peu de temps et pourtant il m’a attrapé le sein avec violence. ça m’a achevé. c’était “peu” par rapport aux autres fois mais je me souviens que ça m’avait marqué. je comprenais pas trop à l’époque ce que ça signifiait mais j’ai su que c’était bizarre car je me sentais mal. je pensais que je l’avais cherché. seule chez moi, j’avais des pensées suicidaires : je regardais le couteau et je me disais “si la maintenant je meurs, ça ne changera rien”
à chaque fois que j’allais voir mes cousins c’était avec la boule au ventre “il va me toucher” “il va me faire des choses” une fois quand il me touchait ses doigts étaient rentrés.
ça a duré jusqu’à ma troisième je crois.
puis il s’est mis en couple avec une fille, qui aimait beaucoup le sexe. (il le faisait savoir et elle aussi) et j’étais heureuse, soulagée, “il allait plus rien me faire”. c’est ce qui s’est passé. il a arrêté. j’ai enterré tout ça.
sauf qu’au lycée, lorsque j’étais mal avec mes copines, entre les disputes, je sais pas pourquoi j’ai dit “mon cousin m’a violé”
je leur ai raconté. ça m’a brisé. je crois que j’ai pas eu la réaction que j’attendais d’elles. j’aurais aimé qu’elles réagissent différemment.
je leur avais raconté de façon brève mais je me suis sentie coupable.
mais ça faisait 3 ans qu’il ne s’était rien passé. A quoi ça aurait servit ?
sauf que cet été, a ma plus grande surprise, il a recommencé. dans ma tête j’arrêtais pas de me dire “je pensais que c’était du passé” en boucle.
je me suis endormie sur le canapé. je me suis réveillée mais j’ai fais semblant de dormir encore une fois. paralysée. il a pris ma main et l’a posé sur son sexe. il a passé sa main au travers de mes vêtements et m’a palpé les seins. il a recaressé mon corps. j’ai senti qu’il me caraissait les lèvres et il a mis son doigts dans la bouche. toujours en faisait de dormir, j’ai fais semblant de tomber (le canapé lit était déplié sur le sol) du matelas et je me suis acrochée avec mes mains. Il a pris mon corps avec ses mains et a essayé de me remettre mais je m’accrochais (tout se passait dans le noir), il a abandonné en pensant que j’étais trop lourde.
Dans ces moments là, j’ai jamais voulu ouvrir les yeux car j’avais qu’une peur, c’était voir son visage. pas le visage qu’il montrait aux autres : normal, sympathique, blagueur. mais ce visage du prédateur qui se fait plaisir avec sa cousine.
j’ai détesté mon cousin pendant des années. je souhaitais même sa mort pendant une période. puis quand il a arrêté j’ai recommencé à l’aimer. honnêtement, je l’aimais à nouveau comme mon cousin. j’avais eu à nouveau confiance en lui. ce qui peut paraître fou. mais c’est la vérité. alors qu’il me fasse ça récemment c’était un choc. je le visualise encore, le lendemain, quand je me suis levée et j’ai vu son visage impassible, neutre, et des frissons d’effroi m’ont parcouru. il était là, à table, en train de boire son bol de thé.
je ne veux pas le dire à ma famille et jamais je leur dirai car cela la briserait. et je préfère un peu souffrir pour que cette famille continue. car j’aime ma famille comme elle est et je passe des bons moments avec. je veux pas briser cet équilibre familial.
là, j’ai fini d’écrire. et je pense que ça m’a vraiment aidé de l’écrire. je me sens déjà mieux, prête à “revivre” un peu.
un jour j’aimerais juste savoir pourquoi il a fait ça. si j’ai la force, je lui demanderai.
j’ai subi d’autres agressions sexuelles par d’autres garçons par la suite, mais elles ne m’ont pas autant fait souffrir que celle ci. c’est vraiment elle qui m’a le plus changé. j’ai l’impression d’avoir vécu deux vies pendant un temps. celle que je montrais et celle que je subissais. c’est incroyable de redire ça.
après avoir écris ça je me sens mieux.
merci d’avoir lu.
Ecrire c’est déjà une respiration pour sortir ce que tu as dans toi, car tu n’as pas à te sentir fautive de cela, ce type demande le silence, ils ont des doubles visages, et c’est justement en parlant que tu brises leur manipulation. On se debarsse de ce traumatisme en parlant, écrivant, dessinant, en sortant ce qu’on a à l’intérieur, tu n’as pas à le protéger, mais à te protéger toi et à te faire soutenir face aux secrets familiaux, à te faire aider. Je te souhaite du bonheur!