J’ai 18 ans. J’ai été abusée sexuellement plusieurs fois dans ma vie. Etant d’origine japonaise, j’ai vécu sans père. A l’age de 5 ans, j’ai été abusée sexuellement par mon grand-père. Puis par mon beau cousin par la suite. Pour moi, le sexe était normal, c’était quelque chose qui semblait être commun. C’était un jeu. N’ayant pas de figure paternelle, j’ai longtemps cherché l’amour, et c’est lorsque ma mère à rencontré mon beau père, que j’ai espéré combler ce vide. Pourtant, rien n’y a fait. L’amour d’un beau père n’est pas le même. Il a eu des enfant très tôt, il a eu enfants avec deux femmes différentes. Il s’en est séparé très tôt. Puis lorsque j’ai grandi, vers la 5 ème, j’ai alors cherché éperduemment cet amour, en pensant le retrouver en faisant des choses sexuelles. J’ai alors glissé ma main sous la couette, et au départ, il m’a dit d’arrêter. Ma mère travaillait le soir beaucoup. Je me sentais si seule. Puis un soir, ça s’est fait. Et ça a continuer pendant presque 6 mois, jusqu’au jour, où je me suis rendue compte des limites. Alors, j’avais l’impression que j’en étais la coupable. Mais à 12 ans, lorsque nous avons subie des abus très tôt, notre perception du monde n’est plus la même. J’ai commencé à avoir une hypersexualisation. J’aimais me sentir désirée, ainsi je me sentais aimée. J’avais alors l’impression que les hommes n’étaient que des animaux. J’étais dégoutée. Mon beau-père quié tait assez stricte avant, l’est devenue encore plus lorsque nous avons arrêté. Comme si il voulait tout contôlé. Il devenait méchant envers moi, et peu à peu je me réfugiais dans la nourriture. Moi qui était si mince, j’ai pris plus de 10 kg, je faisais beaucoup de sport, et je mangeais que des cochonneries. C’est alors, que j’ai commencé à me faire vomir, je me sentais sale, et vide. Je me sentais seule à devoir affronté toutes ces difficultés. J’en avais honte et je culpabilisais. Chez moi, j’étais sombre, et quand j’étais au collège j’étais un peu le clown, qui riait, qui était si optimiste, et qui prenait la place de la sauveuse. J’aimais rendre service, réconforter les gens, et j’étais très sensible et empathique. Quand quelqu’un souffrait, je ne pouvais me protéger, il fallait que je m’en occupe. Car moi aussi, j’avais envie que quelqu’un me tienne la main, ou me la tende.
Puis, un jour, lorsque j’étais en seconde, je commençais à fumer, et mes vomissements s’atténuaient, j’avais des vergetures sur les cuisses, ma peau étaient fragilisées, mon corps abîmées, ma tête aussi. Je pensais qu’en ayant un corps si horrible, j’étais en sécurité, mais au fond, je me faisais que du mal.
Renaissance : aujourd’hui je revis, malgré ces obstacles. Nous avons fait une thérapie avec mes parents chez un psychologue mais etant mineure, le psy à du porter plainte.
je me sens si différentes des autres de mon âge. J’ai l’impression d’avoir grandi trop vite. J’aimerais que les gens sachent, découvre mon histoire. Pour les aider à en parler. Et ne pas garder ce silence pendant 16 années, car cela peut détruire une vie petit à petit petit. Aujourd’hui, je prends soin de moi, j’ai retrouvé ma forme, malgré que la relation entre la nourriture et mon beau père s’est améiore il y a quelques difficultés. J’arrive à pardonner ces erreurs pour me sentir en accord avec mon ame et mon corps.
Bonsoir Charline, je suis contente de voir que malgré toutes ses épreuves vous avez réussi à sortir la tête de l’eau. Vous faites preuve d’un courage énorme et votre témoignage ne peut qu’encourager les victimes à s’en sortir. Vous avez raison, il n’y a rien de pire que de garder la souffrance en soit, la parole est toujours libératrice. Il n’y a aucun doute sur le fait que vous allez surmonter ces dernières difficultés. Je vous souhaite le meilleur pour la suite, vous le méritez.
Chère Charline,
Est-ce ta psy qui t’as permis d’avoir ce recul sur ton vécu traumatique ?
Tu as une telle lucidité sur ton fonctionnement, mais aussi sur ton ressenti que cela m’interpelle car elle fait écho à la mienne !
Soit tu as des capacités d’analyse indéniables, soit ta psy est une véritable pédagogue !
Personnellement, je pense que tu es très douée car tu cumules plusieurs facteurs :
– la solitude que personne n’arrive à combler et qui fait de toi une observatrice des faits, d’autrui et de ta propre personne
– la recherche effrénée d’amour car tu en manques cruellement, d’où le fait tout d’abord de croire que le sexe te ferait aimer, puis l’humour qui attire l’autre mais n’apporte pas d’amour, puis l’aide à autrui pour te faire aimer mais qui n’est qu’un leurre et ….?
– l’hypersensibilité qui te permet de ressentir et de comprendre ton prochain mais aussi toi-même
– une extraordinaire capacité d’empathie que tu as su développer pour te mettre à la place d’autrui et t’en rapprocher
Savoir mettre à distance les événements et les analyser avec finesse et justesse ont fait de toi une femme courageuse et forte !
Tu as donc tous les atouts pour t’en sortir et je suis persuadée que tu y arriveras !
Une question : pourquoi écris-tu qu'”Etant d’origine japonaise, j’ai vécu sans père”?
Par contre, avant de lui pardonner ses erreurs à ton beau-père, le plus important est de te pardonner les TIENNES!
Car c’est en étant en paix avec toi-même que tu t’en sortiras !
Surtout continue sur le chemin de la guérison ! Ne lâche rien !
Toute ma tendresse !
Très touchant comme témoignage. Mais vous êtes une personne incroyable, vous pouvez ET DEVEZ être fier de vous. Chapeau mademoiselle ! J’espère vraiment que le futur vous souriera car vous le méritez. Ne baissez pas les bras, je compte sur vous !