Aujourd’hui j’ai 48 ans, je vis depuis très longtemps à Paris. Ces derniers temps je me sens comme ‘protégée’ par mon âge, mais depuis l’age de 20 ans je fus sujet à de multiples agressions à caractère sexuel.
J’avais peur de passer par les Halles à cause des hululements et des remarques sexistes ; comme je n’avais pas beaucoup d’argent un jour je suis allée dans le 18 ème et à l’extérieur de Tati un homme m’a bloqué de dos contre le bac de vêtements et a éjaculé sur mon pantalon; dans les bus et dans le métro les hommes se permettaient de me mettre la main aux fesses.
Pendant presque cinq ans un des anciens grands journalistes de Nouvel Observateur en mission dans une grande ville où je travaillais après mes études m’a fait comprendre que d’avoir des rapports sexuels avec lui me garantissait le travail.
De retour à Paris je fus abordée de nombreuses fois sur les Champs-Élysées, où si j’attendais mon mari, et les hommes d’aspect très respectable me proposaient de m’amener à l’hôtel de luxe et d’exaucer tous mes souhaits. Une fois un homme m’a poursuivi à mon insu dans un passage et a essayé de me persuader de coucher avec lui parce que je lui plaisais tellement.
Il y avait un kiné dans le quartier, les jeunes femmes sortaient les joues rougies de chez lui.. un jour j’ai eu la réponse: il s’est couché sur moi, et quand je lui ai fait remarquer que les exercices kiné ne sont pas exactement ceci, il s’est redressé, sa braguette déjà ouverte, et m’a dit : « Vous êtes un cadeau empoisonné! » (il m’a en effet était recommandé).
En Allemagne, où je vivais avant, un kiné me mettait devant le miroir, les seins dégagés et les touchait pour me démontrer le déséquilibre de mon bassin. Des hommes des plus ‘respectables’, avec femme et enfants, souvent des amis de mon mari, se sont permis des remarques désobligeantes, qu’ils nommaient des compliments, et des attouchements très ‘ciblés’ à mon égard tout en étant invités chez nous…
J’ai rarement réagit ou dit quelque chose, ma stupeur était grande, ma timidité et la honte interdisaient toute réaction. Je le dis maintenant dans pur souhait d’ajouter mon grain de sable pour changer les mœurs et permettre aux femmes de se sentir bien dans leur peau telles qu’elles sont.