J’ai 51 ans.
Je suis une femme.
J’ose enfin accepter que ce que m’a fait subir mon frère, de 2 ans mon aîné, quand j’étais petite, était un viol.
Je devais avoir 10 ans.
J’ai très très longtemps occulté cette chose tout en la percevant à fleur de mon conscient.
Je crois aussi que je n’avais pas envie de réfléchir et de mettre des mots sur cet épisode.
J’ai grandi sur une île des Antilles ou le sexe était tabou, adoré et haï en même temps, sur un fond de croyances religieuse punitives et mysogines.
Les hommes agissent en toutes impunité car ils sont hommes.
Les femmes sont convoitées et traitées de salope une fois consommées.
J’ai un grand frère et une petite sœur.
Mon frère était LE DIEU de mes parents. Avec un visage d’ange. Blond bouclé, yeux bleus, peau blanche, le must a une époque ou être le plus clair possible était un gage de réussite et d’ascension sociale aux Antilles.
Sa parole était l’unique vérité.
Toutes petite j’ai perçu la contradiction entre ce que ma famille disaient et faisaient.
Je devais obéir à mon frère!
Injonction parentale !
J obéissais à mon frère, j’avais peur de ses menaces « je vais dire ça à papa et maman et il me croiront ». Et c’était une réalité.
Je me rappelle sa chambre.
Son lit accolé à un mur, l’étagère en bois massif.
Moi allongée, tétanisée, n’osant pas désobéir.
Il met son sexe entre mes cuisses ça pique ça fait mal.
Il continue.
Je sais que c’est très mal ce qu’il fait mais je sais surtout que je dois me taire sous peine de me faire punir et traiter de « pitin ».
Je sais que ce sera DE MA FAUTE, parce que fille.
Il n’a pas été au bout, ne m’a pas pénétré entièrement car je dis et répète en boucle que ça pique.
Brouillard.
La vie continue comme avant.
Je n’ai jamais parlé de cela à quiconque.
Notification par e-mail
connecté
0 Commentaires