Il était adolescent et vivait chez la nourrice qui me gardait une fois par semaine et durant les vacances. Il fermait la porte à clé de sa chambre et abusait de moi tout simplement par ascendance, en mettant de la musique très forte, j’avais 4 ans, il était à la fin de sa puberté. De retour chez mes parents, gardant malgré moi le silence qu’il m’avait imposé de ce “secret”, je me suis mise à rassembler mes forces et mes arguments pour lui dire de ne plus recommencer. Je ressentis une grande fierté d’avoir réussi à lui dire non et je me vois encore me penchant à la porte fenêtre de cette tour, menançant de sauter si il continuait encore une seule autre fois. Je remarque encore aujourd’hui que c’est dur d’écrire le mot “violer”, pourtant il y avait bien pénétration. Cela fait maintenant, plus d’une quarantaine d’années et je me sens prête seulement aujourd’hui à porter plainte et à briser l’omerta. Je n’attends pas justice, juste je me reconnais la capacité de me protéger et de dénoncer son acte. C’est très long parfois le cheminement pour reprendre son pouvoir. Mes parents l’ont su 9 ans plus tard, mais à cette époque la prescription courait assez vite, 10 ans et seule ma mère m’a cru. Le fait que ça se passait dans un groupement religieux, ça a contribué à garder le silence, car en quelque part la honte était pire que la justice. Dans mon cas, je n’ai à présent plus le choix car j’ai pu constater un shéma répétitif durant toute ma vie qui m’a conduit bizarrement à être mise à l’épreuve par des prédateurs, manipulateurs et hommes de pouvoir jusqu’à il y a encore 3 ans. En allant porter cette plainte, je serai donc mon propre parent qui répare et reconnaît la petite fille victime de cet apprenti prédateur. Il se peut aussi que son penchant pédophile lui soit resté et que mon témoignage aidera d’autres personnes.
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