J’avais 17 ans, c’était en 2008, c’était mon premier copain.
Il se disait sensible, altruiste, tourné vers la cause des femmes, il semblait très gentil.
Pendant 7 ans, 7 longues années interminables, il me forçait, plusieurs fois par semaine à pratiquer la sodomie, acte sexuel que je n’aime pas. J’imaginais que le viol n’existait pas dans un couple, que le viol concernait uniquement les femmes attaquées dans des ruelles sombres, dehors, la nuit…
Mais le viol ça peut être beaucoup plus insidieux et se glisser au sein du couple…
Quand j’essayais de retirer son doigt ou son sexe qui me pénétrait de force, en lui faisant comprendre que je ne souhaitait pas cette pratique spécifique, il interrompait l’acte sexuel, me poussait, et refusait de m’adresser la parole. Il disait que les autres femmes n’avaient pas de problèmes, elles.
Quand j’essayais, d’exprimer mes inquiétudes, mon désir de ne pas pratiquer systématiquement la sodomie, il partait bouder, comme un enfant contrarié et refusait de m’adresser la parole.
Quand il me prenait de force la nuit, et que j’arrivais à m’extirper et me rendormir, il tapait fortement sur le matelas, de frustration, pour m’empêcher de trouver le sommeil. Je me réveillais le matin, épuisée et je devais aller travailler. Pendant que lui pouvait se reposer car il voulait vivre de sa passion et qu’il ne ramenait pas d’argent. Un comble.
Quand je pleurais parce qu’il me faisait mal, il se plaignait de mes pleurs, il était mal à l’aise et me suppliait d’un “ho mais noooon pleure pas stp… alleeeeez”.
Devant les gens, il affirmait haut et fort qu’il défendait les femmes, qu’il ne supportait pas qu’on leur fasse du mal, comme si inconsciemment il savait qu’il avait des choses à se reprocher. Une fois, il a même quitté un local dans lequel on visionnait un film contenant une scène de viol, il faisait toute une scène pour montrer à tout le monde comme il était choqué et qu’il ne pouvait pas regarder cette scène. Le monde à l’envers.
Il me mettait dans des situations sociales horribles, il m’a même violée un soir de fête chez mes parents en faisant grincer à fond le matelas, je savais que tout le monde entendait, je ne pouvais plus bouger et parler tellement j’étais décomposée. Et le lendemain, ma famille m’est tombée dessus en me reprochant mon comportement outrancier et indiscret, alors que je n’y étais pour rien et je n’avais pas le courage d’expliquer qu’il m’avait obligée, tout le monde avait entendu j’avais envie de disparaître sous terre….
Il me disait souvent dans la rue “regarde cette salope” quand une jeune femme portait par exemple une mini jupe. Cela me mettait très en colère et je lui disais qu’il était agressif gratuitement, il me répondait toujours que “ça va c’est de l’humour”. Il s’amusait à essayer de regarder sous les jupes des femmes dans les transports, les escalators, j’étais horrifiée, il disait que “non mais je ne le fais plus hein”.
Il partait bouder et refusait de me parler quand je ne m’habillais pas comme il voulait.
Il était addict à la pornographie violente et ne comprenait visiblement pas que le monde réel est différent.
A chaque comportement terriblement choquant, j’étais sur le point de partir, et chaque fois il s’excusait, il promettait de ne plus recommencer, et il recommençait. Je suis restée si longtemps, j’espérais qu’un jour il puisse changer, qu’il était fragile psychologiquement, qu’il lui fallait du temps. SPOILER ALERT: les hommes qui nous violentent ne changent jamais.
Je le voyais toujours comme une pauvre victime, souffrant d’anxiété, de dépression, de troubles psychologiques nombreux et lourds… Mais la véritable victime c’était moi. C’est moi qui doit me reconstruire aujourd’hui, tant d’années après ces violences.
Je n’ai même pas eu le courage d’expliquer que je le quittais pour tous ces viols et mauvais comportements… car peut-être que de donner la véritable raison me faisait comprendre et admettre que j’ai été abusée pendant plusieurs années et que je n’étais pas prête à le reconnaître à ce moment là.
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