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5 ans de dégout plus tard

C’est un témoignage que j’ai écrit en mars; je me sens prête enfin pour le partager.
Aujourd’hui, on est en 2020. Précisément le 12 mars 2020. Le week-end du 8 mars vient juste de
s’écouler, avec toutes les manifestations et autres joyeuseries dont l’un des buts reste (toujours) de dénoncer les violences faites aux femmes ( et plus largement, faites à toustes). Un week-end chargé
en émotion, et brusquement, chargé en souvenirs.
Ainsi, durant un banal atelier mêlant l’intervention social et la prise en charge des violences de genre, une des animatrices bénévole pose brusquement la question : « Et vous, vous avez déjà vécu des
violences de ce genre ? ». Un oui discret et surpris émane de ma bouche, avec dans ma tête « on est une majorité de meufs dans cet atelier, cette question est surprenante ». Une autre animatrice rattrape rapidement cette question en rajoutant « on va rester dans le cadre professionnel, pour recentrer un peu la discussion ». Et là, tout bascule (référence à l’émission Le jour où tout a basculé). Dans ma tête, un grand flou s’installe, un grand « htsfdljksdfmkldw » prend place et ne s’arrête pas.
L’après-midi continue, mais je reste coincée dans mes pensées. Je repense à un événement qui s’est passé cinq ans auparavant, et commence à réellement mettre des images dessus. Ce n’était pas la
première fois que j’y pensais, mais ça m’est revenu soudainement, comme un poids qu’on vous met brutalement sur les épaules.
Quand je dis que j’y avais déjà pensé, c’est surtout que j’avais repensé la chose l’été 2019, quand je discutais avec mon ex-copine. Je lui montrais des photos d’un court séjour en Italie, qui date de 2016 où je rendais visite à ma meilleure amie. En repassant ces images, je tombe sur la photo d’un type français : il voyageait accompagné d’un ami, et faisait du stop. On s’était rencontré.es lors dans une auberge de jeunesse à Florence, et ces deux types sont repassés à Parme (là où vivait mon amie) deux jours plus tard. On leur avait proposé d’y faire une escale. Ils étaient deux, on était deux, et même si à Florence j’avais pas plus de vue sur lui, je m’étais dit qu’un rapprochement pouvait se faire. A
l’époque, j’étais en couple avec un homme, avec qui je songeais de plus en plus à me mettre en relation libre (je lui en avais fait part, et il accueillait cette idée à contre-coeur, mais l’accueillait).
Ainsi, l’idée de faire quelque chose avec ce type m’excitait un peu, ça aurait été une nouvelle expérience. Ça aurait pu.
Ces deux gars arrivent enfin dans la ville, et on se retrouve dans un bar avec ma pote. L’alcool coule à foison, et rapidement, me dépasse. On rigole, on s’amuse, bref une chouette soirée. On arrive à rentrer
au domicile de ma pote après avoir déambulé ivres dans la rue (du moins, pour ma part).
Une fois rentrée, l’appel au sommeil m’attaque, et je m’écroule sur le lit, assez dévêtue. Lui se place à côté de moi, ma pote de l’autre côté du lit et le dernier type se met sur la chauffeuse, faute de place. Et
je m’endors.
Et je dors.
Un sommeil lourd, merci aux shots et à la bière d’avoir encouragé ce repos bien mérité.
Et puis, progressivement, je reprends un peu conscience. L’état à moitié endormi se dissipe rapidement quand je comprends que des mains étrangères aux miennes parcourent mon corps, se baladent, font leurs vies. Je garde mes yeux fermés, et j’essaie d’analyser la situation. Je n’ai pas d’idée de l’heure qu’il est, de qui me touche, et de pourquoi on me touche. Tout ce que je sais, c’est que je gagne du temps. Enfin, je crois en gagner.
Ces mains, en revanche, ne cessent de gagner du terrain. Désespéramment, je glisse ma main gauche sur le côté du lit, à la recherche de mon amie. Lorsque je me suis endormie, elle était là. Alors je prie pour qu’elle y soit encore, mais rien. Un matelas. Ce type était sur moi, mes yeux toujours fermés prétendant un sommeil plus fort qu’il n’était. Sa bouche était là, ses mains étaient là, son corps était là.
Et là.
« Je sais que tu ne dors pas. »
Tout s’accélère dans ma tête. « Merde, il sait que je suis réveillée. Je sais pas quoi faire ». A l’aide, à l’aide, à l’aide.

A l’aide.
Sur le moment, je comprends que je ne peux plus faire semblant de dormir. Alors je fais ce qu’il attend de moi, et je réciproque ses gestes. Un seul objectif en tête : que tout ça se termine rapidement.
C’est long, mais à partir de là je ne me souviens plus de ce qu’il s’est passé. Tout ce que je sais, c’est qu’on avait pas de préservatif à portée de main, j’ai pu échapper à la pénétration pénis-vagin. Je sais
plus s’il y a eu cuni, doigts, je ne sais plus. Je n’arrive plus à me rappeler, l’alcool et la surprise ont du jouer pour beaucoup dans cet oubli. Mais je pense très fortement que ces gestes étaient là.
Le deuxième souvenir que j’ai, celui qui me dégoûte le plus (de moi-même), c’est quand j’ai initié une fellation. C’était si long, je me suis dit « rien de mieux qu’une pipe pour qu’il jouisse rapidement et que ça s’arrête ». Ce moment a duré cinq secondes. Cinq longues secondes. Et là.
« Je ne jouis pas sans toi »
Boum. Mon cerveau a repris le dessus. J’ai compris que cette diversion ne marcherait pas. Alors j’ai arrêté. J’ai tout arrêté. Je me suis allongée sur le lit, j’ai repris quelques esprits. Comme s’il ne s’était rien passé. Il est resté à côté de moi, et a commencé à me raconter sa vie.
Il a aussi tout arrêté, et je ne comprends pas pourquoi. Mais je ne veux pas savoir. Je m’en fous. Tout ce qui m’importais, c’est que ce soit fini.
Il me parle de sa vie, du fait qu’il a 29 ans, qu’il se marie après être rentré en France. Tais-toi, et laisse moi dormir. Enfin non, juste tais-toi.
Le lendemain, ils partent. Ils voulaient aller à la plage, mais pas nous. On les laisse partir, on les salue. Mais un profond sentiment de dégoût en venant de sa personne émane pour ma part. Ils partent.
Avec mon amie, on se raconte nos nuits. On en rigole. On prend à la légère tout ce qui vient de s’écouler. Pourtant, on reste la journée au lit.
Et là, mon cerveau me joue un tour. Il efface. Il interprète toute cette nuit, et ne laisse que ce fameux sentiment de dégoût sortir. Rien d’autre. Le temps passe. Je raconte à mon copain de l’époque cette histoire, sans trop comprendre ce qu’il s’est passé, mais seules la honte et le dégoût sortent de ma bouche.
Beurk.
Et le temps continue de passer. Il me fait oublier. Et c’est ce fameux été 2019 où, en racontant cette histoire à mon ex-copine, elle me dit : « mais c’est une agression en fait, non ? ». Une agression, quoi ? Moi qui suis une fervente militante féministe, je m’en serai rendue compte, non ?
Et bien non.

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psionic
3 années plus tôt

Chère anonyme, l’alcool est toujours un agent de l’agresseur, d’ailleurs beaucoup procèdent par la fausse convivialité de l’alcool qui endort votre libre-arbitre et facilite les desseins du violeur comme vous le savez si bien. Et vous avez parfaitement raison: on peut passer à côté de l’évidence et ne pas voir l’agression mais elle demeure en votre for intérieur, ce dégoût de vous, enfoui dans votre inconscient, avec l’oubli apparent et un évènement fortuit, l’atelier du 8 mars fait tout remonter subitement. C’est clairement un souvenir traumatique, en tous les cas je vous invite à consulter au moins à titre préventif afin de diagnostiquer votre état psychique et émotionnel suite à cette nuit d’horreur. En vous lisant je retrouve tous les ingrédients du viol / agression sexuelle avec leurs effets sur le psychisme de la victime. La sidération, la tentative d’évitement, on se laisse faire ou on initie des choses en espérant être débarrassée mais c’est une horreur qui reste ancrée en vous, durablement et profondément. Je vous invite vivement à l’extirper au plus vite par un travail avec des thérapeutes. Il vous faut vous reconstruire car la blessure est là, profonde, au coeur de votre humanité. Vous êtes la victime, vous n’êtes pas responsable, vous avez tenté d’échapper à cette situation comme le font la plupart des victimes. La douleur provient de la blessure entre votre corps avili par l’agresseur et votre l’intériorité de votre personne qui doit vivre avec ce corps souillé: c’est cela qui génère cette souffrance. C’est cela qu’il faut soigner au plus vite: consultez et commencez votre chemin de guérison.

Je vous indique quelques sites pour vous aider à consulter:

Sites médicopsychologiques:
La sidération: pourquoi une victime ne réagit-elle pas durant l’agression?
https://www.filsantejeunes.com/letat-de-sideration-psychique-20843

** psychotraumatisme:
AFTD, Association francophone du trauma et de la dissociation :
Rubrique ”Liste des membres” :
http://www.aftd.eu/liste-des-membres.php

** site de l’institut de la victimologie vous avez un annuaire des associations de lutte contre le harcèlement dont l’adresse des centres régionaux:
http://www.institutdevictimologie.fr

** site de Muriel Salmona: mémoire traumatique ; voir son article mémoire traumatique en pdf sur le site
https://www.memoiretraumatique.org/

** indiqué par Céline9: un site très intéressant d’ailleurs
https://www.cyrinne.com/

** psy coach: un espace consacré au harcèlement
https://www.psy-coach.fr/

** soutien-psy en ligne
https://www.soutien-psy-en-ligne.fr/

voici la liste complète des liens pour l’aide aux victimes:

https://pastebin.com/YDmt5XXy

Vous connaissez sûrement les associations d’aides aux victimes elles vous indiqueront des thérapeutes aptes à entendre votre souffrance. J’ignore par contre si vous pouvez poursuivre le salaud qui vous a fait cela mais on peut essayer.

De tout coeur avec vous.

Affection, courage et soutien.

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