J’avais déjà parlé en famille, à mon mari, à mes fils presque adultes, de la multitudes d’agression (le mot me gêne car à l’époque j’avais du répondant) dont j’avais été “victime” (il va falloir inventer un nouveau mot : je ne suis pas une victime parce que j’ai su échapper) et il y a peu, quand je leur en ai reparlé, ils m’ont dit, quand j’ai donné le nombre, que j’exagérais… Les hommes “normaux” n’imagine pas. Entre 14 ans et 25 ans, c’était non-stop : les mecs qui se branlent à la sortie du lycée, celui qui te course dans la rue et soulève ta jupe en glissant la main entre les jambes, la main que tu sens sur ton corps dans le métro, qui remonte jusqu’à la poitrine, et tu cherches qui s’est, et pour le trouver, il faut baisser les yeux, c’est un gosse genre “pine-d’huitre” (cf Antoine Decaune)de 13 ans avec double vitrage, et le vieux à Nice dans sa bagnole de luxe, toi tu es dans le bus à côté, et monsieur a chaud à la quequette… L’autre dans le train de nuit où y a personne et qui vient s’asseoir en face de toi pour te fixer (C’est moi qui lui ai fait peur : je suis pas méchante mais quand je suis de mauvais poil… je mordrais un chien), tout comme l’espèce de fada qui a failli forcer ma serrure de chambre d’étudiante. Le plus mauvais souvenir : le soir où j’ai été polie en boîte, avec des copines. Un pauvre mec qui pensait être irrésistible ? Il s’assoit à côté de moi et j’ai droit à la drague lourde (me fixe, sourit, cherche à causer). Gentille je bouge et pars m’asseoir ailleurs sans rien dire. 1 mn plus tard, il est à nouveau à côté de moi, un peu plus lourd, cherche à s’incruster. Gentille je bouge et pars m’asseoir ailleurs sans rien dire. 1 mn plus tard idem. moi, idem (je suis très patiente et j’aime pas les problèmes). 1 mn plus tard, il est encore là, avec ses copains. Je me lève pour aller plus loin. Il me mets la main aux fesses. Je me retourne, lui balance mon verre à la figure et là… J’ai cru me prendre son poing dans la figure ! Heureusement, ses copains étaient moins cons et lui ont sauté dessus pour l’en empêcher. Alors messieurs que je ne connais pas, çà s’est passé à Rennes dans une boîte du centre ville, il y a 30 ans cette année, je ne vous connais pas et je vous remercie de votre aide. Je me suis toujours défendue toute seule car les porcs sont psychologiquement zéros, mais quand çà part sur le terrain de l’affrontement physique, peu de filles peuvent faire face.
Bref, ces porcs, nombreux pour les filles surtout quand elles sont jeunes (pour moi c’est plus de 20 agressions ou comportements inappropriés entre 14 et 25 ans),heureusement, ne représentent pas la population masculine. Les gens biens n’ont pas de sexe : ils ont des valeurs.
Alors grosses bises aux personnes de valeurs -filles ou garçons, prêtes à intervenir… et pas à filmer pour le net…-, bien plus nombreuses que le reste.
Quant à mes chouchous qui trouvent que j’ai exagéré le nombre d’agressions… Et bien oui, c’est certainement difficile à imaginer pour un homme. Lequel dira qu’il a subi autant de comportements déplacés entre 14 et 25 ans de la part des femmes ?
Je pourrais dire exactement la même chose. Sauf que je n’avais pas trop de répondant et restait bloquée de stupeur, de rage, d’indignation.
Oui, comme vous, je reconnais mon vécu dans le vôtre, à la différence de votre tempérament défensif et “mordant”: il y a une trentaine d’années, jusqu’à mes trente cinq -trente huit ans, une longue série.
La première fois où j’ai été enceinte, j’étais persuadée au plus profond de moi-même que j’étais protégée des dangers et pollutions toxiques de ce genre (d’ailleurs mon attitude avait changé : j’étais fière, sûre de moi et je me sentais invulnérable), et bien non, les bras m’en sont tombés, j’étais déconfite (mon psychisme a mis plusieurs jours avant de pouvoir accepter ça comme une réalité)
Je sais aussi comme vous que beaucoup ont du mal à croire.
Comme vous, et pour finir sur une touche positive, je ressens une profonde gratitude pour tous ceux (nombreux aussi) qui sont intervenus pour m’aider en situations difficiles qui auraient pu mal tourner : merci vraiment à vous qui avez grandement contribué à ce que mon regard sur l’humanité ne sombre pas dans le mépris ou le dégoût.
Je rebondis sur votre remarque sur le terme de victime. C’est un mot que j’utilise très souvent, mais avec une certaine gêne parce que je sais que beaucoup y verront un autre sens que celui que je lui donne.
Car le problème est qu’il y a souvent confusion entre “victime”(tout court) et “victime de” (enfin, pour les puristes, je simplifie parce que le problème est plus complexe).
Nous avons (presque) tous et toutes qui témoignons sur ce site été victimes de …, c’est à dire que nous avons subi des paroles ou agissements néfastes d’autrui.
Anonyme qui avez posté ce témoignage, vous avez bien été victime de nombreuses agressions sexuelles, d’actes d’exhibitionnisme…
Mais nous ne sommes pas tous/toutes des victimes. Une victime est une personne tuée ou blessée.
Bien qu’ayant été victime de violences, vous n’avez pas été blessée (ou vous êtes guérie de vos blessures) : vous n’êtes pas (ou plus) une victime.
Certaines personnes ayant été “victimes de” ne sont pas victimes (pas blessées), d’autres le sont un certain temps -le temps de soigner leurs blessures, et un jour ne le sont plus.
Nous parlons de blessures physiques et/ou psychiques.
Dites-moi où vous viviez, que je n’y vive surtout pas ! Car étant jolie moi-même, j’ai plutôt été épargnée, donc ça vient du milieu je pense.